Alyna Smith

La pluie tombe sur la vitre d'une des nombreuses fenêtres d'une maison située à quelques kilomètres du centre-ville de Nantes. Une jeune femme loge dans celle-ci. Elle est recroquevillée sur elle-même, sa tête est enfouit contre ses genoux, sa longue chevelure brune et bouclé cache ses mains qui entourent ses genoux serrés contre sa poitrine. Ses bras bougent légèrement, puis la jeune femme se balance d’avant en arrière et redresse enfin la tête afin de la penche en arrière. D'un geste de sa main droite, elle dégage ses cheveux et laisse apparaître un visage plein de tristesse, rouge et rempli de larmes. Ses mains glissent en même temps que ses bras tombent le long de son corps et se posent brutalement sur le carrelage blanc et froid de la cuisine. Elle ouvre légèrement sa fine bouche pour respirer et la referme, continuant à sangloter discrètement, comme si elle ne souhaitait pas qu’on puisse l’entendre.
Un couteau long et tranchant est posé sur le sol, à quelques centimètres d'elle. La jolie brune le regarde du coin de l'œil, sa vue est flou avec les larmes qui roulent encore sur ses joues. Un bruit retentit dans la pièce d'à côté, une sonnerie, plus précisément, et résonne jusqu'à ses oreilles. N’ayant plus aucune force pour se lever, plus aucune envie d’ouvrir la bouche et de faire fonctionner sa langue, la jeune femme ne prend pas la peine de se lever et attend que le répondeur se mette en marche.

"Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur d'Alyna Smith, je ne suis pas la pour le moment, mais vous pouvez laisser un message ainsi que vos coordonnés et je vous rappellerai dès que possible."

- Alyna ? Alyna, c'est Nathalie ! S'il te plait Alyna, réponds-moi. Je m'inquiète pour toi. Réponds.

C'est Alyna qu'elle s'appelle. Elle a 26 ans aujourd'hui, le 25 mai 2009. Le 25 mai est censé être un jour joyeux pour elle. Normalement, il devrait y avoir 200 personnes dans une salle bien décorée, elle devrait être habillée d'une longue robe blanche ainsi qu'un voile sur la tête et faire la fête, danser avec un homme. Mais ce n’est pas le cas. Aly est seule et dans une situation compliquée. Difficilement, elle se lève et pénètre dans le salon en traînant les pieds pour retirer le fil du téléphone et ainsi le couper. Son regard balaye le salon qui est sombre, mais tout de même éclairé par les quelques lumières de l’extérieur et qui se distinguent depuis sa position. Alyna se met alors à fixer sa robe blanche posée sur un fauteuil beige. Lentement, elle marche en sa direction, se sentant lourde, effleure le tissu avec ses yeux qui se remplissent d’autant plus de larmes. Son visage s’approche du vêtement, le renifle. La robe a une délicieuse odeur, mais au passage de ses mains, n’est plus aussi belle qu’avant. Il y a à présent des tâches rouges qui la « décorent ». Toujours en traînant des pieds, Alyna arrive jusqu’à la porte d’entrée, pose sa main sur la poignée afin de s’appuyer, puis ferme é clé, avant de se tourner vers la pièce, l’observer. Qu’est-ce qu’elle lui parait vide. Du revers de la main, elle essuie son visage du mieux qu’elle peu, soupirant bruyamment, puis à serrer le bas de sa nuisette avec ses mains tremblantes, de manière très forte. En y mettant encore un peu plus de force, le tissu pourrait se déchirer. La jeune femme prend alors une grande inspiration et ferme les yeux. Pleins de souvenirs lui reviennent alors à l'esprit. Des bons comme des mauvais. Une partie entière de sa vie se déroule sous ses yeux.