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 [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise]

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Niin3tt3

Bébé Adipose

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MessageSujet: [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise]   [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise] EmptySam 1 Mai - 23:44

[La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise] 100501104415803748

Episode # 1.01 : Séance n°I

    « Docteur Paul Andrews ? » fit une voix féminine.

    Le thérapeute sursauta, lâcha ses clefs de voiture et plissa les yeux pour voir son interlocutrice. C’était une minuscule silhouette blonde très mince, enveloppée dans une courte robe à sequins noir, plutôt androgyne. Outre ses cheveux blonds qui brillaient faiblement à la lumière de la lune, il était assez impossible de déterminer si c’était une femme ou un homme qui se tapissait dans l’ombre. Sa peau pâle lui donnait l’air d’une ingénue du cinéma muet, sa longue chevelure blonde cascadaient sur ses épaules, descendant jusque sur ses hanches. Paul Andrews déglutit avec difficultés. La femme s’avança, sortant des ténèbres qui l’entouraient. Une petite main blanche apparut, se tendit vers l’homme.

    « Bonsoir docteur. Je m’appelle Heather. J’aimerais vous parler » dit-elle.
    « Mais.. Très certainement » bredouilla Andrews.
    « Allons dans votre cabinet, les rues aussi sombres que celle-ci ne sont pas très sûres » chuchota la jeune femme.

    - - -

    La femme tira le fauteuil ordinairement destiné aux patients et s’y assit, très droite, gracieuse ; d’un geste impérieux de la main, elle invita le thérapeute à s’asseoir comme si elle se trouvait chez elle. Estomaqué par tant de culot et de beauté mêlés, le psychiatre prit place à son bureau. Il ne s’était pas départi ni de son air ahuri, ni de sa veste. La jeune femme, qui avait autant l’air d’une jeune fille de quinze ans que la propre fille d’Andrews, croisa les jambes. L’éclat de son oeil, et ses lèvres rouges sang lui donnaient un air beaucoup plus âgé que le médecin n’aurait su identifier. Plongé dans son regard aux reflets fauves, Paul Andrews sursauta de nouveau lorsqu’elle claqua sa langue contre son palais.

    « Docteur Andrews, on dit que vous êtes le meilleur psychothérapeute de Londres » dit-elle, dans un soprano à l’accent chantant.

    « Qui le dit ? » demanda Andrews, fronçant les sourcils.

    « On le dit » éluda la jeune femme. « J’ai besoin de vous, c’est important » ajouta-t-elle, sérieuse.

    Il se détendit et ôta sa veste. Dans sa carrière, Paul avait connu nombre de cas médicaux intéressant, allant du pervers tueur en série au prêtre fanatique, en passant par la douce mère infanticide. Il s’était penché sur leurs problèmes, les avaient traités, les avaient aidés. La plupart du temps, leur voix, leur démarche, leur façon d’être trahissaient leurs faiblesses psychologiques. Chez cette femme, rien, ou plutôt tout était normal. Trop normal. Il avait l’étrange impression qu’elle était consciente de ça. Et qu’elle en jouait.

    « Je vous écoute » fit-il, d’une voix légèrement chevrotante.

    « Je m’appelle Heather Birmingham, née Simmons. Je suis née à Dublin le 4 juillet 1776 et j’ai... » commença-t-elle, comme si elle listait la liste des ingrédients d’une recette de cuisine.

    « Vous vous fichez de moi ? » l’interrompit-il, en sortant un carnet. « Schizophrénie » ajouta-t-il, pour lui même plus bas.

    « Non mon cher, vampirisme » rit-elle en s’enfonçant dans le fauteuil.

    Le thérapeute leva la tête, les yeux agrandis par une surprise mêlée de crainte. Son stylo tomba sur le sol, avec un tintement clair. Heather décroisa les jambes, l’air ennuyé. Elle soupira et planta ses yeux sombres dans ceux, écarquillés, du psychiatre.

    « N’envisagez pas de fuir, docteur. Je préfère les femme, voyez-vous. De plus de quarante ans, de préférence. Mais je ne dirais pas non à quelqu'un de votre genre » dit-elle, lasse.

    « Les.. Femmes ? Vous êtes.. Vous êtes bisexuelle ? » bafouilla Andrews.

    « Hm, je ne parlais pas des femmes de ce point de vue là, mon cher docteur, mais d’un point de vue purement... Comme dire ? Culinaire » fit-elle, avec un sourire. « N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal. Je sais que vous êtes marié, que vous avez des enfants qui ont besoin de vous. J’aurai aimé qu’on me laisse en paix avec mon fils et mon mari, aussi je laisse de côtés les mères et pères de familles heureuses »

    « Vous êtes mariée ? » bredouilla le médecin.

    « Puis-je vous raconter mon histoire ? Ainsi, vous saisirez mieux » expliqua la vampire.

    Le docteur Andrews hocha la tête, comme fasciné. Il avait l’intime conviction que cette Birmingham allait être autrement plus intéressant que tous ses autres patients réunis.

    « Je suis donc née le 4 juillet de l’année 1776, à Dublin, en Irlande. Ma mère est morte peu de temps après ma naissance, probablement des suites de l’accouchement. Vous le savez, la médecine, à cette époque, n’était pas très brillante. Mon père, un anglais, m’emmena avec lui à Londres. C’était un diplomate attaché au Roi, qui l’avait envoyé auprès des Irlandais. Il était noble et bon, mais terriblement naïf. La femme qu’il épousa en seconde noce s’appelait Joséphine. Elle se disait française, exilée parce qu’atteinte d’une incurable maladie épidermique qui la contraignait à rester enfermer le jour, toute source de lumière solaire cachée puisque le soleil la faisait souffrir. Elle était belle, certes, mais aussi perfide qu’un serpent. Elle ne m’aimait pas, et ne manquait jamais une occasion de me rabaisser. Si sa présence semblait absolument indispensable à mon père, elle semblait également l’affaiblir à un point alarmant. Sa santé se détériorait de jour en jour mais je ne pouvais rien faire, n’ayant pas le droit de me rendre à son chevet. Il mourut le soir même où je quittai sa demeure, préférant m’enfuir que subir encore le courroux de ma belle-mère. Elle souhaitait m’envoyer dans une école pour filles. Je devinai plus tard qu’il s’agissait d’un bordel. Ma première idée fut de trouver l’un des vieux oncles de ma défunte mère, Lord Simmons, qui m’avait toujours tenu en estime, malgré mon âge et mon sexe. Lorsqu’il me prit avec lui, je venais d’avoir seize ans, lui quatre-vingt. J’étais jeune, jolie, perdue. Il me confia à sa fille aînée, Mary. Je n’aimais guère ma cousine, dont la vie de débauche n’était un secret pour personne, hormis pour son père, mais elle semblait m’apprécier, aussi me tins-je tranquille en sa compagnie. Durant plusieurs semaines, nous menâmes la grande vie, passant nos après-midi chez le tailleur à garnir nos garde-robes de vêtements aussi beaux qu’inutiles. J’avais une vie de rêve, que bien des jeunes filles de mon époque m’auraient enviés, et je reconnais aujourd’hui que j’y avais pris goût. Un soir, elle me présenta à son cercle, durant l’une des réceptions qu’elle avait pour habitude de donner, et auxquelles je n’avais pas encore été conviée. La fête fut somptueuse, mais je n’eus d’yeux que pour un homme, et non pas pour les ornements qui décoraient les murs, et la table. C’était un américain, grand et brun. Mary passa la soirée à son côté, et me le présenta comme faisant partie de ses amis. Ou, plutôt, devrais-je dire, de ses amants. Je le devinai bien vite à la mine de coquette qu’elle affichait alors, à la manière dont elle pressait le bras de cet homme contre sa poitrine généreuse, aux rires de gorge qui lui échappaient, de temps à autre. Je ne pus alors m’empêcher de ressentir une incroyable jalousie. Qu’avait donc ma cousine de plus que moi ? J’étais beaucoup plus jeune, plus jolie, me semblait-il, plus mince. Et pure, contrairement à elle. Comment, elle si face, si rondouillarde, si grossière pouvait-elle avoir tant d’hommes, et surtout celui-là à ses pieds ? Qu’avait-elle de plus que moi, je le répète ? J’étais très troublée par ça, encore plus par le regard que ce Yankee m’avait dédiée, avant de prendre congé. Qui était-il ? Ma cousine ne m’avait pas dit son nom et je ne savais pas où il logeait. Qu’aurais-je fais de cette information, de toute manière ? Eh bien, toute frêle et ingénue que j’étais, je voulais aller lui demander ce qu’il préférait chez ma cousine, que je n’avais pas moi. Je désespérais de le voir, rien que pour cette question, durant des jours. Puis l’occasion se présenta. J’étais seule, et je devais passer chez le tailleur pour ajuster l’une de mes robes. Lorsque j’entrai, il était là, assis confortablement dans un fauteuil. Je crois que je n’oublierai jamais le sourire dont il me gratifia ni le baiser qu’il déposa sur ma main. Ce fut un instant encore plus troublant que la soirée précédente. Il avait une voix grave, profonde. Innocemment, je parvins à lui demander, sur le ton de la conversation, où il logeait. J’appris alors qu’il était capitaine d’un bâteau. Croyez-moi, cher docteur, que je fus pour le moins surprise. Je me doutais bien qu’il n’était pas venu depuis l’Amérique jusqu’en Angleterre en volant, je n’étais pas aussi écervelée que ça, même si certains se plaisaient à le croire. Ayant toujours vécu à Londres, je savais où se trouvait le port, et je savais que, le lendemain, je devais repasser chez le tailleur récupérer les robes que Mary et moi avions commandé. Vous devez comprendre que des jeunes filles de nos âge, du moins, du mien, étaient simplement préoccupées par leurs toilettes et, accessoirement, par les hommes. Les problèmes politiques ne nous intéressaient guère, et, à cette époque, nous ne parlions pas d’écologie, de surconsommation, de tous les problèmes qui préoccupent le monde d’aujourd’hui. Nous étions insouciantes, inconséquentes. Je n’ai pas honte de le dire, docteur. Et... »

    « Oui ? Mademoiselle Simmons ? » bafouilla le thérapeute en reprenant ses esprits.

    « Birmingham, docteur, Birmingham » corrigea-t-elle avec un sourire. « Il est tard, docteur Andrews. Trop, pour vous. Votre épouse, Hannah, je crois ? Elle va s’inquiéter. Je reviendrai demain soir. Bonne nuit docteur. »

    Heather Simmons, épouse Birmingham disparut du bureau du docteur Andrews avec autant de discrétion qu’elle l’avait surpris devant sa voiture. Envolée. Partie. Disparue.
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MessageSujet: Re: [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise]   [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise] EmptyMar 6 Juil - 12:52

Episode #2.01 : Séance 2

    « Bonsoir docteur » fit une voix féminine.

    Paul Andrews sursauta, et leva les yeux pour découvrir Heather, penchée sur lui, un peu trop proche, à son goût. Il recula vivement, collant sa tête et son dos au dossier de son fauteuil. La vampire éclata de rire. Il était.. Hilarant. Elle s’installa face au psychiatre, qui eut tout loisir de la contempler, alors qu’elle fixait la fenêtre d’où était visible la Lune, ronde et pleine. Elle portait ce soir-là un très élégant fourreau noir qui suivait avec grâce les courbes de son petit corps. Ses cheveux blonds étaient rassemblés au sommet de son crâne dans un chignon lâche d’où s’échappaient quelques boucles. Sa peau pâle mettait en valeurs ses yeux d’un vert si profond qu’ils en devenaient noirs. Sans aucun doute avait-elle dû être très courtisée. Le psychiatre avait terriblement envie de savoir, de tout savoir. De sa vie humaine, et au delà. Elle était passionnante, et son récit, grisant. Pour quelqu’un de la trempe de Paul Andrews, du moins.

    « Reprenez, je vous en prie » dit-il, comme si elle venait de se taire.

    « Bien. Brandon Birmingham vivait, du moins durant son séjour à Londres, sur son bateau, le Fletwood. C’était un très beau bateau, pour la petite aristocrate que j’étais. Hélas, ma visite sur le bâtiment ne se passa pas comme je l’avais escompté. Je me souviens très bien de la robe que j’avais mise pour l’occasion. Elle était verte et vaporeuse, magnifique. C’était le dernier cadeau de mon père et j’espérais, futile enfant que j’étais, que ça me porterait chance. Mais pourquoi voulais-je aller là-bas ? Ca n’était pas pour poser une question, qui, au passage, était l’une des plus idiotes qu’il m’ait été donné de penser, mais pour toute autre chose. Cet homme m’obsédait. Il était le seul que je ne semblais pas intéresser, le seul qui n’ait posé d’autre regard sur moi qu’un mélange de curiosité et d’indifférence. Il ne me jugeait pas digne d’intérêt, vraisemblablement. Et cela me rendait folle de rage. Sans doute était-ce mon tempérament irlandais qui le voulait. Nombre de mes connaissances auraient été prêtes à satisfaire le moindre de mes désirs pour se voir accorder un unique baiser de ma part, et lui m’ignorait totalement. J’étais orgueilleuse, je l’avoue, mais cet orgueil m’a rendu heureuse, certes, pas immédiatement mais... »

    « Votre rencontre avec votre mari ? » l’interrompit le psychiatre.

    « Oui, j’y viens » fit-elle avec un sourire nostalgique. « Je montai à bord du Fletwood, donc, et fus accueillie par le capitaine Birmingham en personne. Il avait pour le moins l’air.. Surpris. Je n’aurai su dire si il était contrarié ou non par ma venue. Il me fit passer dans sa cabine et nous discutâmes de choses futiles durant une vingtaine de minutes, puis, voyant qu’il était déjà tard, il me pria de rester dîner. La bienséance aurait voulu qu’il me raccompagne chez mon oncle et non qu’il me retienne sur son bateau, bien qu’il se montra fort poli dans son invitation. Je l’acceptai donc, et lui tins compagnie. Il se montra charmant, véritable gentleman, et, il me semble, très séducteur. J’aurai probablement succombé à ses charmes si son valet n’était pas entré au moment même où ses lèvres allaient se poser sur les miennes. Il était tellement.. Comment vous dire ? Brandon savait terriblement bien y faire avec les femmes, et il avait pour lui un physique des plus avantageux. Il rabroua donc son valet avec une violence qui me surprit, apparemment autant que son domestique. Celui-ci avait tout juste eut le temps d’aligner deux mots. Il avait trouvé de quoi réchauffer la nuit du capitaine. Je compris immédiatement de quoi il s’agissait. Le capitaine Birmingham ne parut pas le remarquer et déclara qu’il n’en avait pas besoin, qu’il avait de quoi faire sous la main, en me désignant discrètement du menton. La colère me prit, et je me levai, prête à quitter sur-le-champ le bateau. Une gifle ne m’aurait pas fait plus de mal. J’étais outrée de son attitude. Il venait de tout gâcher, absolument tout. J’étais furieuse et voulu le bousculer, puisqu’il me barrait le passage. Autant pousser un mur. Il tenta de me calmer, de se montrer doux, et affectueux, mais rien n’y fit. J’étais blessée, déçue. Le charme était rompu, à jamais brisé par sa maladresse. Me prendre, moi, pour l’une de ces filles faciles, dociles, et peu farouches qui vendaient leurs corps. Je lui criai que je n’étais pas comme ma cousine, que je ne voulais pas de ses mains sur moi. Il n’écouta aucun des mots que je lui hurlai. Cette nuit-là fut terrible. Plus que la honte d’avoir abandonné ma vertu à un homme de sa trempe, c’était le déshonneur de m’être offerte de manière si ostensible. J’avais terriblement peur qu’on l’apprenne, surtout, que mon oncle l’apprenne. Qu’il me chasse, qu’il me renie, qu’il m’abandonne. Et cet homme, ce Birmingham si arrogant... Je le haïssais. »

    Une larme rouge sang roula sur sa joue. Paul Andrews se rendit compte avec horreur qu’elle revivait ces terribles instants, que la fragile petite Heather Simmons était là, devant lui, mise à nue par ses souvenirs. Il ne put s’empêcher d’en vouloir affreusement à ce soi-disant gentleman du XVIIIe siècle, qui avait traversé les années avec Heather, sous la forme d’un fantôme, d’un simple souvenir. Comment pouvait-on avoir fait tant de mal à un si petit être ? Elle leva les yeux vers le psychiatre, lui sourit, avant de reprendre.

    « Il me fallut deux mois pour me rendre compte que ce viol allait laisser chez moi plus qu’une simple trace. J’allais être à jamais marquée par les caresses de ce Yankee. Après la honte, c’était une grossesses qui m’affligeait. J’étais mal, terriblement mal, si bien que je voulus mettre fin à mes jours. Une nouvelle fois, le capitaine Birmingham se dressa sur mon chemin. Ses hommes me repêchèrent et me menèrent à lui, et je compris ainsi qu’il m’avait faite surveiller depuis cette fameuse nuit. J’en éprouvai une certaine gêne, teintée d’un semblant d’orgueil. Mais bien vite, la fièvre me prit et durant deux semaines, je délirai, en proie aux fantômes de mon passé, tel mon père et ma belle-mère. Lorsque je fus guérie, il me fit examiner par l’un de ses amis médecins et je crus alors avoir perdu l’enfant. Je le leur demandai et c’est ainsi que Brandon apprit qu’il allait être père. Il fit prévenir mon oncle, qui vint me voir, sur le Fletwood. On le lui expliqua, dans les grandes lignes, ce qui m’arrivait. Je ne sais comment il obligea le capitaine Birmingham à assumer ses responsabilités mais je me retrouvai mariée trois jours plus tard, encore faible suite à la fièvre. Comme j’avais honte, devant toutes ces vieilles femmes venues assister au mariage du Yankee le plus riche du port. Et comme les marins qui séjournaient à Londres étaient d’assez basse condition, je pensais que mon mari n’était pas plus élevé socialement qu’eux. Grossière erreur ! Brandon était probablement l’homme le plus riche, donc le plus remarqué, de Charleston. Charleston, vous savez docteur, en Amérique. Et j’étais là, pauvre petite Tory, à débarquer aux USA, après quatre longs mois de voyage à travers l’océan Atlantique, rythmé par les tempêtes et les querelles avec mon époux. Nous ne nous aimions pas, du moins, personnellement, je le haïssais. Lui, au contraire.. Enfin, bref. A mon arrivée, mon beau-frère, Jeffrey était présent, ainsi que, ô surprise, la fiancée de mon mari. Il s’était fiancé, avant mon départ. Et avec une femme plus âgée que lui, plus expérimentée en matière de relations physiques également. Qu’étais-je à côté d’elle ? Elle se montra fort désagréable, tout au long de ses multiples visites à Harthaven. Harthaven est le nom.. Pardon, était le nom du domaine de mon époux. C’était immense, sauvage, brut. Tout comme lui. A cette différence près, je me sentais chez moi. Docteur ? »

    « O-oui ? » bafouilla Andrews.

    « Docteur, vous avez l’air.. Choqué. Il vaut mieux en rester là » dit-elle avec douceur, se levant.

    « Non ! »

    Un seul cri. Un seul souffle. Heather ne put retenir un sourire qui fit rougir le psychothérapeute. Ses mains tremblèrent légèrement, ses yeux s’égarèrent un moment, cherchant un point à fixer. En vain. Il leva les yeux vers la vampire. Elle le regardait d’un air attendrie.

    « Ne vous en faîtes pas, vous saurez tout. Seulement je suis attendue chez un vieil ami et il ne m’appartient pas de décider à votre place si vous devez ou non passer une nuit blanche pour une patiente » fit-elle doucement. « Votre épouse va s’inquiéter. Je détestais ne pas savoir où se trouvait Brandon » ajouta-t-elle en fronçant le nez.

    « Vous.. Vous l’aimiez ? » demanda-t-il d’une toute petite voix.

    « Bien entendu » fit-elle, une once de reproche dans la voix. « Bonsoir docteur »

    Elle disparut dans la nuit. Paul Andrews se rejeta contre le dossier de son siège, avec l’impression d’avoir un gros poids sur la poitrine. La vie de cette femme. Une existence entière, du moins, en partie, entre ses mains. Le débit fluide de ses paroles l’hypnosait, le captivait. Il était pris au piège par l’aura de cette femme. Non, de ce vampire. Lentement, le psychiatre attrapa le combiné de son téléphone fixe.

    « Allô, James ? Oui.. Tu ne vas pas en croire tes oreilles.. »
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MessageSujet: Re: [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise]   [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise] EmptyMar 6 Juil - 12:57

    Paul Andrews consulta de nouveau sa montre. Vingt-et-une heures trente-trois. Il se trouvait encore au bureau ; pourtant, son dernier rendez-vous s’était achevé à seize heures. Mais peu importait, il l’attendait. Cela faisait une semaine que le psychothérapeute n’avait pas revu Heather Birmingham. Son histoire l’obsédait au delà du raisonnable. C’était idiot et totalement inconsidéré mais il voulait voir cette vampire assise face à lui. Il voulait entendre la fin de son histoire. Il voulait savoir.

    Comme à son habitude, Heather pénétra dans la pièce avec le plus grande silence et une effrayante discrétion. Elle se laissa tomber avec légèreté sur le fauteuil face au docteur Andrews et croisa les jambes. Paul Andrews releva machinalement les yeux puis se reconcentra sur le dossier qu’il lisait distraitement depuis près d’une demi-heure. Il se figea, leva lentement la tête, mi-apeuré, mi-surpris. Il n’était pas certain d’avoir bien vu. Son regard croisa celui, terriblement noir, d’Heather. Il inspira profondément. Elle était là.

    « Bonsoir docteur » fit-elle avec un grand sourire.

    « B-bonsoir » répondit-il, en rangeant le dossier.

    « Pardonnez mon absence de ces derniers jours, je travaillais » dit-elle, l’air ennuyé.

    « Vous.. Vous travailliez ? » bredouilla le thérapeute. « Les vampires travaillent ? »

    « Que voulez-vous, tout le monde n’a pas la chance d’être aussi éphémère que vous autres, humains, et de profiter aussi peu de temps mais avec autant de frénésie de votre argent. Nous autres vampires sommes bien obligés de gagner notre vie, si tant est que nous ayons un semblant de vie en nous » expliqua Heather, avec un grand sourire. « Je suis infirmière. »

    « Pardon ?! Infirmière ? Mais.. Mais, c’est.. » bafouilla-t-il.

    « Je vous ai dis que je ne mordais que les femmes âgés de quarante ans ou plus, je ne touche ni aux malades, ni aux blessés » gronda la vampire. « Reprenons là où nous en étions restés » ajouta-t-elle, pour couper court à toute explication.

    « Je vous écoute » murmura Andrews.

    « Harthaven, donc, me faisait l’effet d’être chez moi. Ce domaine devait, par la suite, devenir le théâtre de mes retrouvailles avec mon mari. Tout le monde, à Charleston, savait pertinemment d’où je venais. On ne tarda pas à m’appeler la Tory. La guerre de Sécession était toujours très présente dans les esprits, et l’on n’aimait pas beaucoup les anglais. A plus forte raison les femmes, surtout lorsqu’elles étaient mariés au plus beau parti de la région, enceintes et agréables à regarder. Les réflexions fusaient, aigries et désagréables, chaque dimanche, à l’église. On ne m’appréciait guère, parmi le Tout-Charleston. Du moins, au début. Après quelques réceptions, beaucoup de femmes se lièrent à moi et moi à elles par une amitié franche et simple. Notamment, Abigail Wesiew. C’était une vieille dame d’âge très respectable que Brandon et son frère adoraient. Je compris rapidement pourquoi. Madame Wesiew, outre le fait qu’elle était une femme tout à fait honnête et adorable, avait cet aura qu’ont les grands hommes. Mais c’était une femme. Elle était à Harthaven lorsque je mis au monde mon fils. Nous l’appelâmes Beauregard, en souvenir de l’un des amis de mon époux, mort en souhaitant sauver son temple. Il était protestant, vous savez. De toute part, on vint pour nous féliciter, et admirer Beau. Même l’ancienne fiancée de mon mari.. Je su alors que je n’en avais pas terminé avec elle. Après la naissance de mon fils, je pris conscience de l’emprise qu’elle pouvait avoir sur Brandon. Je décidai de mettre toute mon énergie à conquérir - ou, plus exactement, à reconquérir - mon époux. Nombreuses furent les occasions qui auraient pu voir le début d’une véritable idylle entre nous mais aucun de nous deux n’agit. Il fallut attendre cette regrettable réception pour qu’enfin, l’un de nous fasse le premier pas vers l’autre. J’étais trop réservée pour le faire, comprenez-vous. J’avais perdu avec le temps cette attitude aguicheuse qui avait pu être la mienne à Londres. Harthaven et Brandon m’avaient changée. Mais j’attirais toujours autant, manifestement. L’une des connaissances de Jeff, Matthew Reeves, m’empêcha de danser avec un autre que lui toute la soirée, ou presque. Il réussit à m’entraîner hors de la maison et je n’aurai su dire alors ce qu’il aurait pu se passer si mon époux n’était pas arrivé. Je m’abandonnai à lui. Après tout, il était mon mari. Et j’en avais envie.. Je réalisai alors que je ne le connaissais pas. Les jours qui suivirent ce soir-là, ce soir qui avait vu nos retrouvailles, ce soir où il m’avait enfin prise dans ses bras, ce soir où j’étais enfin devenue sa femme, les jours qui le suivirent furent les plus heureux de mon existence. Brandon était.. Je ne saurais vous le décrire docteur. Il était tel que j’avais toujours rêvé qu’il soit : amoureux, tendre, expérimenté. Il était définitivement et irrévocablement à moi »

    Elle marqua une pause. Un sourire rêveur étirait ses lèvres tandis qu’une larme rouge sang coula sur sa joue. La trace écarlate contrastait étonnamment avec la blancheur de sa peau. Paul Andrews comprit qu’elle était heureuse. N’osant pas rompre le charme de l’instant par une inutile parole, il attendit qu’elle reprenne, sans la quitter des yeux.

    « Harthaven était déjà mon foyer, mais désormais, il promettait d’être celui de mes enfants. Beau grandissait et tous étaient persuadés que d’autres petits Birmingham naîtraient prochainement. Mon époux et moi-même ne nous souciions pas ça. Il y avait des choses plus importantes à nos yeux : l’amour, en premier lieu, et nos débuts. Nous passions désormais des heures à parler, à nous raconter notre rencontre de nos points de vue respectifs, à expliquer à l’autre les raisons qui nous avait empêché de nous confier. Nous nous rendîmes rapidement compte que nous avions perdu un temps précieux. Très précieux. Brandon s’appliqua avec une rare passion à rattraper ce temps-là. Je fêtai bientôt mes vingt-et-un ans. Et ce qui devait arriver arriva.. Joséphine m’avait retrouvée. Je ne compris pas comment elle avait réussi à venir à Charleston, ni pourquoi elle m’en voulait autant. La haine qu’elle me vouait était trop forte pour qu’elle se retienne.. »

    « Se retenir de faire quoi ?» demanda Paul Andrews.

    « De me transformer docteur, de mettre un terme à ma si belle vie d'humaine. J'étais plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été » répondit Heather. « Ce fut long, et douloureux. Mais ce n’était rien de comparable lorsqu’elle m’expliqua quelle serait ma vie ensuite. Je restai trois jours et trois nuits, immobile, les yeux en sang. Savoir que jamais plu je ne pourrai embrasser Brandon, que je ne pourrai plus le serrer contre moi, que je ne pourrai plus voir mon fils était insupportable. J’aurai voulu mourir. Quelques fois, je tentai de rester au soleil pour.. »

    « Pardon ? Pourquoi le soleil ? » l’interrompit le psychothérapeute.

    « Le soleil brûle, docteur » fit-t-elle. « Mais Joséphine m’en empêcha. Elle disait sans cesse que j’étais sa plus belle création, la plus forte. Elle m’appelait mon trésor. C’était agaçant venant de la part d’un être que je haïssais. Nous partîmes bientôt à Londres, puisque je n’avais plus d’endroit où aller »

    Elle s’arrêta. Crispée, elle semblait réellement revivre tous ces moments. Paul Andrews s’en voulait de la refaire repartir quelques siècles plus tôt, mais après tout, c’était elle qui l’avait décidée. Elle avait besoin d’en parler et il respectait cela.

    « Il est l’heure » murmura-t-elle en se levant.

    Andrews remarqua alors qu’elle portait un survêtement gris en velours. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en une queue-de-cheval disciplinée. Oui, elle avait vraiment l’air d’une infirmière. Totalement normale. Elle sortit de la pièce en silence, comme à son habitude. Paul Andrews avait l'étrange impression qu'une part d'elle-même venait de mourir.
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MessageSujet: Re: [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise]   [La Communauté du Sud - Quand l'ouragan s'apaise] EmptyMer 7 Juil - 16:48

    « Docteur ? Docteur ?.. DOCTEUR ANDREWS ! »

    Paul Andrews sursauta et se redressa. Un coup d’oeil à sa montre lui apprit qu’il était une heure du matin passée de treize minutes. Manifestement, il s’était endormi en attendant sa patiente. En attendant Heather.

    Celle-ci se tenait devant lui, vêtue avec élégance, comme toujours. Ses cheveux laissés libres cascadaient sur ses épaules. Ses longues jambes fuselées pouvaient être admirées à loisir par quiconque posait les yeux sur la jeune femme, étant donné le peu de tissus la couvrant. Sur quelqu’un d’autre, sa robe aurait pu paraître vulgaire. Mais il s’agissait d’Heather. Et Heather ne pouvait paraître vulgaire.

    En toute hâte, le psychothérapeute se leva et lissa son costume froissé. Il invita sa patiente à s’asseoir et, une fois qu’elle se fut exécutée, vit la femme derrière elle. Grande, mince, elle respirait le mal même. Andrews se figea. Avant même qu’Heather ait pu dire quoi que ce soit, il devina qui était cette femme. Ses yeux noirs étaient indéchiffrables, et sa peau pâle faisait froid dans le dos. Il n’y avait aucun doute, c’était elle : Joséphine.

    Levant une main tremblante, il désigna le siège à côté de la vampire blonde et invita l’autre vampire à s’asseoir. Sans un bruit, celle-çi s’exécuta. Le thérapeute déglutit avec difficulté ; il se tourna vers sa patiente. Elle fixait un point droit devant elle, un sourire aux lèvres.

    « Ne vous inquiètez pas docteur, elle ne vous fera rien » fit Heather au bout d’un certain temps.

    « Ah, v-vraiment ? » bredouilla-t-il en s’asseyant. « Eh bien, p-pourquoi venir alors ? »

    La question s’adressait à Heather, bien qu’elle fut relative à Joséphine. Celle-ci esquissa un sourire. Paul Andrews le vit du coin de l’oeil et sursauta. Elle était.. Belle. Il n’y avait plus rien chez elle qui rappela la femme présente encore quelques secondes auparavant. Sa physionomie avait totalement changée, comme si il y avait en elle deux personnages, deux entités bien différentes.

    « Je suis venue appuyer Heather sur certaines périodes de sa.. Seconde vie » fit-elle. « Certains traumatismes qu’elle a subi ont altéré certains de ses souvenirs. Et les ont également transformé.. »

    Elle avait une voix douce et mélodieuse, quoiqu’un peu grave pour une femme. Ses mains jointes sur ses genoux avaient l’air démesurées et grandes. Joséphine donnait l’impression d’avoir été étirée, presque écartelée, tant certaines de ses proportions étaient.. Disproportionnées.

    « Bien sûr, bien sûr » bégaya Andrews. « Continuez, je vous en prie.. »

    « Bien » fit Heather en souriant. « Joséphine m’attira loin dans le domaine de mon mari afin de pouvoir me mordre sans être dérangée et.. Je.. »

    « Pas exactement, ma chérie » l’interrompit la vampire brune. « Il fallait un endroit isolé, et de la terre.. Je ne tenais pas à te faire du mal, tu sais » ajouta-t-elle, presque tendre.

    Bouche bée, Paul Andrews regarda sa patiente sourire, reconnaissante, à sa créatrice. Celle-ci semblait se retenir de la toucher. Elle se tourna finalement vers le psychiatre et lui jeta un regard qui, si il paraissait sans aménité, fit frissonner le médecin.

    « Je ne pouvais pas laisser Heather retourner auprès de ce Yankee après sa transformation. Il l’aurait tuée, j’en suis certaine. Mais elle était amoureuse, trop amoureuse pour m’obéir. D’ordinaire, un vampire ne peut qu’obéir à son créateur. Mais elle ne m’a pas écouté lorsque je lui ai dis de ne pas retourner chez son mari » dit-elle, d’un ton égal.

    Elle avait cependant craché le dernier mot. Manifestement, elle n’aimait pas Brandon Birmingham, même si il n’était qu’un souvenir. Andrews, qui n’avait jamais pris de note en présence d’Heather depuis le début de leurs séances, attrapa son carnet et cala un stylo entre son pouce et son index. Il inscrivit quelques mots relatifs à l’attitude possessive de Joséphine envers sa protégée, et à la soumission de celle-ci puis leva les yeux. Les deux femmes chuchotaient en français. Elles se turent au moment même où il détourna les yeux de son calepin.

    « Continuez.. » fit-il, ne sachant pas très bien à qui s’adresser.

    « A votre guise » répliqua la française. « Heather, donc, me désobéit la quatrième nuit qui suivi sa naissance. Elle était restée prostrée les trois premières mais avait repris totalement le contrôle d’elle-même par la suite. Je la suivi, à contre-cœur, sachant ce qui allait se passer.. »

    « Lorsque j’entrai dans ma chambre, ou du moins celle qui avait été mienne, je compris que je n’aurai pas dû venir. Brandon ne dormait pas, mais il était étendu. J’avais sous-estimé son audition, ou peut-être avais-je surestimé mes propres capacités. Moi qui croyais me déplacer en totale impunité.. L’émotion m’avait probablement fait perdre tout sens de la réalité. Si bien que dès qu’il m’entendit, il se leva et se jeta sur moi. Oh, pas de la manière dont le pensait Joséphine.. »

    « Les hommes avaient toujours été d’immondes créatures pour moi, et je crus qu’il avait compris ce que j’avais fait d’elle, ce qu’elle était devenue.. Hors, il n’en était rien. Je m’étais précipitée dans la maison, et avais faillit compromettre Heather. Fort heureusement, je saisis rapidement que je m’étais trompée et pu me retenir d’entrer dans la chambre du Yankee.. »

    « Brandon se montra tendre, ne pensant à rien d’autre que mon confort. Malheureusement, j’étais jeune, du moins, j’étais encore un vampire inexpérimentée. D’autre part, mes souvenirs humains étaient toujours là. Je me souvenais de la douceur de ses mains, de la chaleur de ses baisers, et de sa manière si adroite de provoquer le plaisir lentement, de son expérience en cette matière et de son adresse aux jeux de l’amour.. Mes crocs sortirent sans que j’ai pu dire le moindre mot. Je tâchai de les cacher et laissai mon mari croire à mon retour inespéré. Je n’aurai pas dû, nous n’en serions pas là aujourd’hui »

    Une larme écarlate roula sur le satin blanc de la peau de l’éternellement jeune femme. Puis une autre, et encore une autre la suivirent. Elle couvrit son visage de ses mains. Joséphine, n’y tenant plus, se leva, s’agenouilla à côté d’Heather, et lui murmura des mots en français. Mal à l’aise, Paul Andrews s’agita sur sa chaise.

    « Excusez-la docteur » fit la brune. « Lorsque les émotions et les souvenirs humains remontent à la surface, c’est toujours très.. Douloureux et difficile. Heather est par ailleurs, toujours aussi sensible »

    « Oh oui, je m’en doute » mentit le thérapeute.

    En réalité, il avait beaucoup de mal à croire qu’un être s’abreuvant de sang humain ait pu avoir le moindre sentiment se rapprochant d’un sentiment humain. Même si cette créature était Heather. Se triturant les mains, il regarda sa sanguinaire patiente se faire consoler par la grande brune, qui, même si elle était accroupie, paraissait gigantesque.

    «.. J’ai mordu Brandon » bredouilla Heather une fois qu’elle se fut calmée.

    Estomaqué, Paul Andrews la dévisagea. Pâle, les traits crispés, elle était effrayante, et à la fois sensuelle. Sa peau blanche, diafane, le paraissait encore plus avec les traces sanguinolentes qui barraient ses joues. Ses lèvres s’entrouvrirent et deux crocs brillèrent à la lumière de la lune, qui passait à travers les fenêtres du bureau. Le psychothérapeute recula le plus loin possible que le lui permettait son siège. Joséphine se tourna vers lui d’un air outré.

    « Elle ne va pas vous attaquer ! Elle a plus de deux cent ans, ce qui sous-entend..» commença-t-elle.

    «.. Que j’ai une certaine maîtrise de moi-même » la coupa Heather.

    Elle se redressa complètement, calme à présent. Ses crocs s’étaient rétractés et elle paraissait être détendue. D’un geste de la main, elle fit signe à Joséphine de la laisser tranquille. Celle-ci retourna s’asseoir, tandis qu'Heather continuait :

    « Je ne réussi pas à m’arrêter, une fois que son sang avait franchi mes lèvres. C’était comme.. Je ne saurai vous le décrire docteur. C’était délicieusement agréable, mieux qu’un orgasme. Mais le souvenir de la douceur de Brandon me revint en mémoire. Et je le lâchai. Mon mari était très faible ; cependant, il était d’une forte constitution et il parvint à rester alerte. Je le vis me regarder d’un air effrayé, non point dégoûté. C’était étrange car j’avais l’impression qu’il avait aimé ça. Il voulut me prendre dans ses bras mais je le repoussai, si fort qu’il s’écroula à terre..»

    « Alors j’entrai. Je ne pouvais laisser Heather tuer cet homme, bien que je n’éprouvai rien qu’un vague intérêt pour lui. Elle se débattit lorsque je voulu l’emporter et pour la seconde fois de la soirée me désobéit. Elle aimait réellement ce Yankee. Je ne savais pas quoi faire, puisqu’elle refusait de partir. Et il m’avait vu. Nous ne pouvions le laisser en vie.. »

    « Je suppliai alors Joséphine de le transformer. A ma grande surprise, elle acquiesça. Mais c’était trop dangereux, beaucoup trop dangereux de transformer Brandon à Harthaven. Du moins, dans la maison.. Nous fîmes trois kilomètres avant qu’elle ne consente à lâcher mon mari. Il était à demi-conscient et je tentai de lui expliquer ce qui allait se passer. Une fois encore, il tenta de me toucher. Mais je le repoussai de nouveau, j’avais tellement peur de sentir mes crocs sortir. Nous restâmes presque une semaine entière au même endroit après ça.»

    « Le Yankee était robuste et il supporta assez bien la transformation. Si j’étais fière d’avoir réussi à transformer un humain de son gabarit, ce n’était rien comparé à Heather. Elle est la plus belle chose qu’il m’ait été donné de faire et..»

    «.. Et nous devions rapidement quitter le pays. Mais cela, docteur, vous l’apprendrez plus tard »

    Paul Andrews hocha lentement la tête. Plus le temps passait, et plus il était choqué par les révélations de sa patiente. Lui qui pensait, après leur première rencontre, qu’elle était quelqu’un de bien et capable d’altruisme, commençait à croire qu’Heather était une créature égoïste et froide. Cependant, le souvenir de ses larmes l’empêchait d’en être totalement convaincu.

    Les deux vampires se levèrent et, après avoir poliment salué le thérapeute, sortirent sans bruit. Dix minutes après leur départ, Andrews haletait toujours. Il contempla son carnet : il ne restait plus qu'une seule page blanche.
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