Yes we can x)

Nymphadora Tonks regarda son reflet dans la glace, dépitée. Ses cheveux bruns ternes retombaient en mèches raides autour de son visage amaigri. Ses yeux marrons se plissèrent, elle se concentra… et tout resta dans le même état.
Tout allait mal.
Elle poussa un cri de rage et de frustration, avant de tourner les talons. Oh non, ça ne se passerait pas comme ça, foi de Tonks en colère! Les dents grinçantes, elle transplana. De sa maison, elle passa à une autre, extrême impolitesse, mais il faut dire que pour le moment elle s’en fichait royalement. L’homme assis dans le fauteuil sursauta, et sa baguette jaillit. Il la rabaissa aussitôt en reconnaissant sa visiteuse, et l’observa d’un air interrogateur et un peu méfiant.

La colère de Tonks fondit… un peu. Elle observa le visage marqué et fatigué de Remus Lupin, ses cheveux châtains virant au gris prématurément, les cernes sous ses beaux yeux verts foncés… si tristes. Le souffle lui manqua. Pense à respirer, Tonks.

- Un problème Nymphadora?

- OUI !!

Remus sursauta devant le hurlement de la jeune femme. Cette dernière se planta devant lui, une main sur les hanches et l’autre pointant un doigt accusateur sur le loup-garou.

- Déjà, ne m’appelle pas Nymphadora! Ce prénom est exécrable et ne devrait pas exister. Je suis Tonks, point. Compris?

Remus acquiesça un peu frénétiquement. Ça partait en Chocogrenouille…

- Ensuite, je veux que tu réponds à ma question. Par oui ou par non, sans mentir, et sans explications, sans de « mais » juste oui ou non. Clair?

À nouveau, Lupin acquiesça, mais plus lentement et un air sombre sur le visage. Il savait déjà ce qu’elle allait lui demander. Tonks prit une grande inspiration.

- Est-ce que tu m’aimes, Remus?

L’homme la fixa droit dans les yeux. Il régnait un grand silence dans la pièce. Entendait-elle les battements frénétiques de son cœur? Il cognait pourtant avec force contre sa cage thoracique, c’en était presque douloureux.

- Non.

Il le fallait. Il fallait mentir, pour la préserver, la protéger… Remus eut un mouvement convulsif de la main qu’il maîtrisa. Ses lèvres auraient tant voulu dire lui, son cœur aurait tant voulu le lui hurler… était-ce pour ça qu’il tentait de s’échapper? Mais son cerveau, rationnel, préservateur, disait non. Et il avait dit non. La bouche sèche, il regarda Tonks chanceler. Elle porta la main à sa poitrine, comme si son cœur s’était brisé. Remus sentait aussi cela. Le sien était en mille morceaux, c’était une douleur physique. Les yeux de Tonks se remplirent de larmes, ses lèvres tremblaient. Remus se leva, amorça un mouvement vers elle, mais elle tourna la tête.

- Ne m’approche pas…

Trop tard. Il était déjà à ses côtés, relevait son visage, caressait ses joues, en ôtaient les larmes. Les prunelles brunes de Tonks reflétaient son incompréhension. Le cœur de Remus explosa.

- Oui, murmura-t-il, oui, je t’aime, Nymphadora.

Un nouveau sanglot secoua la jeune femme, mais elle souriait. Il se pencha, embrassa ses larmes, la serra contre lui. Elle logea son visage dans son cou, respira son odeur, appréciant la chaleur de sa peau. Leurs lèvres s’effleurèrent.

***

Nymphadora Tonks regarda son reflet dans la glace, critique. Ses cheveux étaient trop roses. Elle cligna d’un œil, et ils se foncèrent. Elle sourit. Sa main gauche, posée sur son ventre rebondi, portait une bague à l’annulaire.
Tout allait bien.

- Trois… Deux… Un…
- HOUSE!

Gregory House leva l’index en l’air avec une moue hilarante sur le visage. Son équipe le regarda d’un air éberlué, et il agita le doigt en s’écriant:

- Tadam!

La porte de son bureau s’ouvrit violemment, et une femme aux cheveux noirs en pétard s’avança. Ses yeux clairs jetaient des étincelles, et elle tenait à la main une plaquette, visiblement la cause de tous ses soucis. House fit le V de la victoire avec ses bras.

- Je lis dans votre esprit! Je sais exactement à quel moment vous me désirez le plus. C’est toujours quand vous criez « HOUSE! » avec cette voix si sexy…

Si cela avait été possible, de la fumée serait sortie des oreilles de Lisa Cuddy. L’homme fit un immense sourire narquois avant de jeter son marqueur sur une jeune femme.

- Thirteen, écrivez moi le reste des symptômes. Je vais aller expliquer au docteur Cuddy pourquoi nous ne pouvons pas coucher ensemble et je reviens.

Attrapant sa canne au passage, House suivit sa patronne en claudiquant. Ils passèrent tous deux dans la pièce d’à côté qui était accessoirement le bureau du diagnostiqueur, et il s’assit aussitôt sur un siège, d’une manière nonchalante, mais surtout - bien qu’il ne l’avouera jamais - pour soulager la douleur de sa jambe malade. Cuddy, elle, resta debout et croisa les bras sur sa poitrine, que House, soudain, fixait.

- J’en ai assez de votre petit jeu.

- Quel petit jeu? Demanda insolemment le médecin.

- De vous cacher au moment de vos consultations!

House haussa vaguement les épaules, absorbé par sa contemplation. Cuddy claqua des doigts sous son nez.

- C’est à moi que vous parlez ou à mes seins?

- Oups, désolé, je les saluais juste en passant.

Sa supérieure leva les yeux au ciel, exaspérée, alors que House souriait, ravi d’être arrivé là où il voulait en venir. Il se releva soudain, le regard vide, ailleurs. Cuddy, soudain inquiète, demanda:

- Est-ce que vous vous sentez bien?

House ne répondit pas. Il semblait être dans un autre monde. Il avança de trois pas, et ouvrit la porte entre son bureau et l’endroit où son équipe continuait le travail.

- Faites une IRM, scannez son cerveau. Le virus s’y trouve.

Il avait sa voix qui refusait toute réplique. Taub se leva, suivi de Thirteen et Chase, et ils sortirent précipitamment de la pièce. House referma la porte et se tourna vers Cuddy.

- Ça ne marchera jamais entre nous, lança-t-il en imitant le capitaine Jack Sparrow.

Cuddy ouvrit de grands yeux, et ses joues se colorèrent.

- De quoi parlez-vous…?

House était déjà parti, boitillant pour rejoindre son équipe à l’IRM.

1er Septembre

Comment commence-t-on un journal? Par « cher journal »? C’est pathétique. Non, vraiment. Ça me prend le chou, de toute façon, d’écrire un journal. Comme si je n’avais que ça à faire. De toute façon, il est pour vous, oui, vous, professeur d’anglais sadique pour qui je suis obligée de faire ce travail. Pendant quatre jours, en plus. Vous croyez réellement que j’ai le temps? Le tournage de Skins n’est pas terminé, je dois sortir avec mes amis de temps en temps pour décompresser, et Jack me demande beaucoup d’attention… que je suis toute prête à lui donner.
En parlant de lui, ça me déçoit un peu que les producteurs de Skins n’aient pas remis Cook et Effy ensemble. Mais bon, je n’ai pas mon mot à dire, et si la série fait toujours rire, c’est bien. Et il ne reste qu’un seul épisode à tourner, l’ultime, le dernier ou j’apparaîtrais. Bah, ça me fera des vacances. Oui, j’avoue, je serai sans doute un peu triste, mais je garderai contact avec Luke, les jumelles, Lily, tous les autres. Mais bon…
Ah, j’ai également joué récemment avec mon ancien partenaire, Nicholas Hoult, dans « Le Choc des Titans » qui sortira bientôt au cinéma. Ç’a été un plaisir de le retrouver, bien que nos rôles, cette fois, soient complètement différents. Je dois avouer qu’il me manque. Il a joué Tony dans la série Skins, dans la première génération, et ç’a été dur de lui dire au revoir. Les retrouvailles ont donc été spectaculaires!
Finalement, peut-être le hasard existe-t-il.

Il est présentement dix-huit heures, je n’ai pas fait grand-chose de ma journée, nous sommes dimanche. Jour de repos, aucun magasin n’est ouvert. Jack est passé à la maison, maman a encore essayé de lui parler portugais, mais il s’est facilement échappé. Nous sommes sortis une heure ou deux.
Voilà pour ma vie passionnante.

Phrase du jour: « L’habit ne fais pas le moine ». D’où mes bas violets, mon short en jean, et ma tunique verte d’aujourd’hui.

2 Septembre

Cher journal.

Oh, non, on recommence, je me sens trop mièvre, trop pathétique, je suis pitoyable, ce devoir est pitoyable, la vie en générale est pitoyable. Je disais donc.

Saloperie de journal, bonjour.
Au moins, avouez, monsieur, que c’est original et que les autres n’ont pas écrit comme moi. Et même, n’avouez pas, je le sais, pas besoin de confirmer. Revenons à nos moutons.
Il est vingt-trois heures, le tournage du dernier épisode de Skins a été tourné, alors que le premier de la saison quatre est diffusé. Les réactions des fans vont être amusantes, je pense. Lorsque le dernier épisode sera enfin vu par toute l’Angleterre (et aussi par la France je suppose, vive le téléchargement) on va sûrement recevoir des plaintes. J’imagine déjà les « mais alors, Cook a tué le gars ou pas? Il va retourner en prison? C’est pas juste, il manque un épisode! ». C’était l’effet voulu. Et basta, nous sommes libérés de Skins, terminé! On ne reviendra pas, même pas pour la saison cinq et tout vous expliquer. Car oui, je sais que vous êtes un fan. Ne mentez pas.

Sinon, been… rien de spectaculaire aujourd’hui. Je suis fatiguée, j’ai faim, et maman n’a toujours pas préparé à manger. Il paraît que je suis une grande fille. Si c’est ça de grandir, je préférais encore mes petits pots aux carottes.

Phrase du jour: « Chat échaudé craint l’eau froide ». Il n’y a pas de raison particulière.

3 Septembre

Comment commencer originalement aujourd’hui? Tiens, comme ça c’est pas mal. Il est déjà vingt-trois heures, j’ai eu une journée pleine, vous m’avez crié dessus, et je dois en plus tenir ce journal à la noix. Oh, je sens que vous allez vous arracher les cheveux en lisant ça. Ouais, j’veux pas le faire, mais bingo, j’le fais, vous ne pouvez [presque] pas me punir!

Ce matin, je me suis levée, je me suis douchée, et je me suis affalée, en peignoir, devant le canapé. Jusqu’à ce que ma mère entre dans le salon en hurlant que j’avais cours, ce qui m’était complètement sorti de la tête. Alors je me suis habillée en vitesse, et, encore à moitié dégoulinante, j’ai débarqué en cours. D’où la raison de votre emportement envers ma délicieuse personne. Sérieusement, pas ma faute si le week end c’est si cool!

Ce midi, j’ai mangé sur le pouce, je me suis pris la tête avec Jack, j’ai eu le dernier mot, je suis retournée en cours, j’ai rendu un devoir, j’en ai reçu un où j’ai eu un joli quatorze sur vingt, je suis rentrée chez moi, et j’ai repris mon activité première: m’affaler devant la télé. À la différence près que j’étais habillée.

Phrase du jour: « L’exactitude est la politesse des rois ». En souvenir de mon retard de ce matin. Je ne serai jamais reine, et j’assume totalement.

4 Septembre

Ah, enfin le dernier jour où je dois écrire! Il n’y a pas eu cours aujourd’hui, merci les grèves, je ne sais même pas pourquoi il y en avait une. Je regarde la télé, mais je ne m’intéresse pas à l’actualité. À quoi bon, que je regarde les infos ou pas, ça ne changera rien au monde… qui s’intéresse à mon avis, de toute façon?

Ah, si. Quelque chose de marquant dans cette journée morne où je n’ai pas mis un pied hors de ma maison. J’ai… tenez-vous bien, tenez-vous bien… rangé ma chambre! Oh, c’était un bazar total. J’ai même retrouvé une assiette. Ne me demandez pas ce qu’il y avait dedans, je ne vous le dirai pas. Une assiette dans ma chambre! Je n’ai plus le droit d’y manger depuis mes… douze ans, au moins. Ça fait donc minimum cinq ans qu’elle y est. Horreur.

Bref. Que dire d’autre? En quoi ce journal pourrait-il intéresser quelqu’un? En réalité, je suis certaine que c’est juste parce que vous voulez nous torturer, me torturer, ô pauvre de moi qui déteste écrire, qui ahane et sue pour écrire les quinze lignes minimum de la journée. Quelle tristesse.

Phrase du jour: « Qui m’aime, me suive! » alors restez à votre place, ne vous gênez pas. Moi je sors par la porte de derrière.

Tchuss!