[Harry Potter] Après la fin, le commencement.

Le soleil se lève, inonde la Grande Salle d’une lumière nouvelle et apaisante. Elle nimbe la foule d’une lueur joyeuse, presque féérique. On regarde autour de soi. Des sourires se forment sur des visages. Des larmes coulent. Des mains se cherchent, se trouvent. Alors tous les regards convergent vers la même direction. Un corps. Blafard, la figure tordu dans un rictus mortel, le corps arqué dans un ultime saut de l’ange. Mort. C’est fini.

On regarde à son côté. Le silence est d’or. Une silhouette se relève. On ne l’aperçoit pas qu’on court déjà vers lui. La clameur est grande. Tous cherchent à le toucher, à le serrer contre soi, à lui exprimer sa gratitude. On hurle, on pleure, on vit. Non, on revit. C’est fini.

A une extrémité de la salle, un homme s’adosse au chambranle de la porte. Son visage fatigué s’éclaire d’un sourire. Il regarde la foule qui ovationne son filleul. Vivants, ils sont vivants. Finie le sentiment d’être inutile, envolé le risque d’être pris pour une faute qui n’est pas la sienne, parti le besoin de reconnaissance. Ils sont vivants. Et elle ? Sirius Black la cherche des yeux. Après plusieurs secondes, il aperçoit ses cheveux longs noirs et brillants dans la foule. Elle s’extirpe non sans mal de cette masse euphorique et bruyante. Ses traits sont tirés, mais elle sourit. C’est fini.

Leurs regards se croisent, se reconnaissent. Elle s’immobilise, stupéfaite. La mort l’a épargné. L’explosion de joie qui se fait en elle lui fait mal. Le bonheur irradie son visage, ses yeux, son corps même. Elle titube, tangue. Ses jambes se dérobent sous elle. Il est vivant. Sans qu’elle ait compris comment, il la serre dans ses bras. Il est vivant, là, tiède et souriant. Les larmes coulent. Elle ne sait pas si ce sont les siennes ou celle de son amant. Doucement, il la tire à l’écart des autres. Elle ne touche plus le sol, il lui semble qu’elle plane. Sa gorge est serrée, elle ne parvient pas à parler. Seuls trois mots réussissent à franchir ses lèvres :
- Je t’aime.

Son cœur tambourine dans sa poitrine. Elle est si légère qu’il ne ressent pas l’effort fait pour la soulever. Il s’arrête aux escaliers, la remet sur ses jambes pour mieux l’attirer contre lui. Vivants, ils étaient vivants tous les deux. Sa propre vie aurait été vide si elle avait succombé, cette nuit. Le bonheur de l’avoir là, dans ses bras, est si impressionnant qu’il lui donne le vertige. A la faiblesse qui l’a prise quelques instants auparavant, Sirius devine qu’il en est de même pour elle. Sinon plus. Il resserre son étreinte, elle tente de parler. Non, pas maintenant, juste savourer la chance qu’elle soit là. Pas de paroles, juste un regard, un baiser, une étreinte. Ses lèvres sont douces, offertes. Des larmes coulent de nouveau. Cette fois, c’est elle qui pleure. Elle tremble de tout son être. Il la serre contre lui de plus belle. Sa faiblesse est trop grande, elle s’évanouit.

Il s’agenouille, l’amène doucement sur le sol. Elle ouvre les yeux. Un tel bonheur irradie ses traits qu’il est difficile pour Sirius de la regarder. Elle lève une main, caresse sa joue. Ses doigts retombent avec grâce sur son ventre. Il comprend.
-Oh Cho…

Le Survivant a réussi à s’extirper de la foule. Malgré ses traits tirés, et son air exténué, il a l’air heureux. Il regarde son parrain, sourit et s’en retourne auprès de la moitié de son coeur, de la moitié de son être. Ginny. C’est fini, certes, mais après la fin, vient le commencement. N’est-ce pas ?

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