| Tagada, Graphisme et Ecriture
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| Les Elus ~ texte protégé | |
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Tinker
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Messages : 68 Date d'inscription : 01/03/2010
| Sujet: Les Elus ~ texte protégé Mar 2 Mar - 0:12 | |
| "Qui a le droit de m'interdire d'être vivant? Qui peut changer ce que je porte dans mon sang?" Daniel Balavoine
_1_ La nuit tombe sur ce 26 Septembre 1997. De la terrasse de ma maison à Long Beach en Californie, je peux voir le soleil se coucher. J'aperçois Angie courant pour éviter les vagues qui viennent s'aventurer sur la plage. Le sable colle sur ses pieds humides, le vent joue dans sa longue chevelure bouclée. J'aime ses cheveux : châtains, doux, leur couleur s'accorde à merveille avec celle de ses yeux vert émeraude. La robe à fleurs qu'elle porte aujourd'hui laisse deviner un corps divin à la peau dorée. Tous les hommes, et même les femmes, admirent ses formes harmonieuses, sa beauté éclatante, son sourire éblouissant... Chacun de ses traits a été dessiné avec une telle finesse, comme si elle était un portrait fait par Dieu lui-même. Elle est mon amie depuis toujours. Nous avons tout vécu ensemble, les meilleurs comme les pires moments. Petites, nous aimions jouer avec les "esprits" de la forêt, comme nous les appelions. Il s'agissait en fait d'oiseaux multicolores, des oiseaux magnifiques: bleus, roses, jaunes.., avec de longues plumes. Leurs chants étaient divins. Ils nous emportaient dans les cieux. Depuis j'ai appris à imiter leurs mélodies. Les soirs de pluie, Angie et moi fredonnons leurs airs et nous replongeons dans ces tendres années passées dans notre petit village de Barchas. Il ne se trouvait pas très loin d'ici mais il y a si lontemps... Bien avant la création des Etats Unis, bien avant les Indiens, bien avant l'Histoire telle que les livres l'enseignent. Nous sommes nées en même temps, nos parents se connaissaient depuis leur plus jeune âge : tout nous prédisposait à être amies, presque des soeurs. C'était en 308 avant celui que l'on nomme Jésus Christ. Cela peut paraître étrange mais c'est la réalité. Nous sommes des vampires, parmi les plus anciens. A vrai dire, nous sommes de la première génération. Mais la véritable identité des vampires n'est pas celle qu'on lui attribue à l'heure actuelle. Nous ne sommes pas ces monstres aux longues canines, buvant le sang des vierges ou nourissons, commandant aux loups, se transformant en chauve-souris... Certes nous avons besoin de sang et ne vieillissons plus mais nous ne sommes pas dépourvus d'une âme! Pour sûr aussi, nos canines sont plus développées que la moyenne mais n'en déforment pas pour autant notre sourire. Angie et moi nous efforçons de ne pas tuer et dans le pire des cas, nous prenons le sang de malfrats, ceux que la société ne regrettera pas. Je me souviens d'un voyage en Australie il y a 554 ans... Après avoir épuisé les quelques brigands du coin, nous n'avions plus rien pour nous nourir. Refusant de saigner les gens de là-bas, nous avons jeûné pendant près d'un mois! Biensûr, nos forces en furent affaiblies, et alors que je me sentais la force de tenir encore quelques temps, je m'inquiétais pour l'état de santé d'Angie. Non seulement elle perdait toute vitalité mais son amour pour la vie s'atténuait également. Si bien que je craignais qu'elle mette fin à ses jours. Je la décidai donc à quitter les grandes étendues de ce pays pour visiter l'Europe. Elle a toujours aimé ce continent, l'un des plus riches en Histoire, monuments... Je vous parle d'Angie mais je ne me suis toujours pas présentée! A l'heure actuelle je m'appelle Michelle McPherson, une jolie petite brune avec des yeux noisettes en amande, mes cheveux ondulés m'arrivent au niveau de la poitrine. Pour le reste je suis mince mais bien proportionnée, mes mains sont douces comme de la soie. Contrairement à mon amie, j'ai un teint de porcelaine qui accentue mes allures de poupée. Je me suis souvent servie de mon apparente innofensivité pour me jouer de mes ennemis et adversaires. De plus, je ne semble pas avoir plus de vingt deux ans. Seule ma voix, ou plutôt mon ton pourrait me trahir si je n'avais pas appris à la modifier. Je peux passer de la voix aigue d'une adolescente au ton suave et langoureux d'une femme fatale. il m'est également possible de parler de façon à ce que mon interlocuteur soit comme hypnotisé et m'entende comme si j'étais une petite voix dans sa tête. Cette méthode est très utile et demande beaucoup de savoir-faire. Remarquez, nous avons eu beaucoup de temps pour la maîtriser! Notre goût pour le chant nous a beaucoup aidé. En toute honnêteté, Angie et moi somme avec certitude les plus prestigieuses chanteuses qui aient jamais existé! Bien que non célèbres. Nous passons d'un style à un autre sans même reprendre notre souffle. En parlant de souffle, voilà encore une erreur à notre sujet : nous en avons un! Sinon comment pourrions nous parler? Pour ma part je peux retenir le mien pendant trente cinq minutes si je ne produis aucun effort sinon environ vingt cinq. Ainsi, le 24 Avril 1942, nous échappions à un groupe de nazis en nageant pendant dix huit minutes sous une eau polluée par les cadavres boursoufflés de pauvres juifs qu'ils balançaient dans le fleuve. Nous n'avions pas vu pareilles horreurs depuis le massacre des Indiens il y a de cela cinq cent ans. A croire que l'être humain n'évoluera jamais! Viols, expériences soit disant scientifiques qui n'étaient autre que du sadisme, meurtres, lynchages, humiliations... En un mot: GENOCIDE. Nous en étions nous même écoeurées, nous, les soit disant monstres. Heureusement, tout comme parmi les vampires, il y avait quelques "bons nazis". Certains penseront que ces deux mots forment une oxymore et un paradoxe. Disons que les bons étaient de braves soldats engagés sous la pression, la crainte et pour nourir leur famille. L'un de ceux-là, Peter Ulrich, m'a profondément marquée. Il avait à peine dix sept ans lorsque la guerre a éclaté et il s'était retrouvé proplusé dans une dimension sanguinaire où il ne pouvait faire autrement que tuer pour ne pas mourir à son tour. Il me faisait penser à nous dans notre prime jeunesse... Lorsque nous l'avons rencontré, il tentait de cacher deux petits juifs. Nous revêtions alors l'uniforme (pour les éliminer de l'intérieur et circuler librement) et lorqu'il nous a vues, il a du penser que sa vie allait se terminer dans le caniveau, une balle dans la tête. Quelle fut sa stupéfaction lorsque nous éliminâmes les quatre salops de SS qui nous entouraient et ce, en quelques secondes. Il devint l'un de nos alliés jusqu'à cette course poursuite près du fleuve. Alors que nous projettions faire exploser un bâtiment dans lequel étaient réunis les têtes du pouvoir nazi, nous fûmes repérés ou plutôt dénoncé, par un prisonnier qui n'eut pour récompense qu'une mort moins lente que les autres. Bref. Nous étions poursuivis par quinze allemands armés jusqu'aux dents et six chiens bavant de râge. Tenter de lutter aurait été un suicide. Nous pouvons résister à trois ou quatre balles, à condition qu'elle n'atteignent pas le coeur, bien que nous serions mal en point, mais là, nous en aurions reçu bien plus avant de les avoir tous éliminer. Nous courrions donc à travers champs, tout en portant Peter qui n'aurait jamais pu suivre notre rythme. Lorsque je suis au meilleur de ma forme, je peux atteindre 80km/h. Malgré cela, un snipper (maudit soit il) blessa mortellement notre jeune héros, me logea une balle dans la jambe droite et une dans l'épaule gauche d'Angie. Cachés derrière un amas de pierre, mon adorable rebelle souffla ses derniers instants, me regardant droit dans les yeux. Je pouvois y lire tout son Amour, également sa peur. Il avait peur de mourir et je le comprends. Le serrant fort contre moi, mon visage si près du sien que nos lèvres s'effleuraient, je lui soufflais que jamais je ne l'oublierai et que nous continuerions son combat. Il sourit et je sentis tous ses membres se relâcher. Angie posa sa main sur mon épaule : il nous fallait partir pour tenir notre promesse. Nous aurions pu faire de lui un vampire mais cela aurait été pire que la mort pour lui. Certaines personnes ne voient que le bon côté du vampirisme mais ce n'est pas éternellement fantastique... Finallement nous avons décidé de l'emporter avec nous afin d'offrir à sa dépuille un endroit décent où reposer. quelques raffales sifflèrent vers nous mais l'eau nous protégea, et alors que les assassins de Peter devaient être aux aguets, espèrant nous voir remonter à la surface dans leur champs de vision, nous émergeâmes à plusieurs kilomètres de là. Nous trouvâmes un petit coin de terre à l'bari d'un grand chêne où nous enterrâmes notre regretté Peter. Après avoir prié pour son âme, bien que je doute que Dieu fut présent en ces terres, nous sommes reparties lutter pour la Vie avec la certitude que nous étions des anges nés pour sauver les humains de leurs erreurs, nous-même issues d'une erreur de la Nature...
Dernière édition par Tinker le Sam 20 Mar - 14:02, édité 1 fois | |
| | | Tinker
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| Sujet: Re: Les Elus ~ texte protégé Ven 12 Mar - 10:30 | |
| _ 2 _ Depuis quelques jours je ne me sens pas très bien. Non pas que je sois malade, vu que je suis immunisée contre toute infection (mon sang est le plus redoutable des virus), j'éprouve plutôt un mal être, une sorte de nostalgie. Dans trois jours ce sera notre anniversaire en tant que vampire, celui de notre seconde naissance et à la fois de notre première mort. Cela faisait fort longtemps que je n'y avais pas songé. Je déteste sombrer dans ce genre de déprime digne d'un octogénaire regrettant ses vingt ans alors qu'il regarde ses petits enfants grandir sauf que moi j'aurai éternellement vingt ans mais jamais d'enfants… Lorsque nous fûmes transformées notre dix septième printemps venait de commencer. Très amoureuses, nous attendions avec impatience que les élus de notre cœur nous demandent enfin en mariage. Mon prince charmant s'appelait Mattéo. Il était si doux, si attentionné, un brin mystérieux comme j'aime et, qui plus est, cultivé. Les habitants du village le voyaient comme un poète, un songeur, il était mon rêveur et me faisait partager ses voyages dans les cités les plus paradisiaques que vous puissiez imaginer. Je me souviens parfaitement de chaque trait de son visage, de son corps long et chaud... Ses yeux étaient noisettes, son regard à la fois rieur, transperçant et caressant suffisait à me rendre folle de lui, ses lèvres étaient sensuelles... Il avait un petit grain de beauté dans le cou que j'adorais embrasser... Le simple fait de vous le décrire ravive tant de beaux mais douloureux souvenirs... Le cher et tendre de ma meilleure amie était le cousin de Mattéo. Et puisque la réincarnation existe vraiment, je ne serai pas étonnée de le voir star du superball ! Son air de sûr de lui et sa musculature impressionnante cachaient une grande sensibilité. Chaque jour, après nos travaux respectifs, nous nous retrouvions près de la rivière. L'eau jusqu'à mi-cuisses, nous arrosant et riant comme des petits fous, nous ne savions pas qu'une ombre planait sur nous. D'ailleurs, comment aurions-nous pu? Si aujourd'hui nous pouvons pressentir le danger grâce à un instinct aussi performant qu'un radar, à ce moment-là, rien ne nous l'aurait permis. D'autant plus que notre village et ses alentours ne contaient aucun récit sanglant dans leur Histoire. Nos ancêtres en avaient fait un endroit si paisible, peut être trop pour être parfait... Tous les ans, pour célébrer l'été, une grande fête était organisée à Kallithea, réunissant tous les villages voisins dont le nôtre. A l'époque, les garçons et les filles à marier se tenaient d'y arriver séparément ; les premiers profitant de cette soirée pour demander la main de leur favorite en l'invitant à danser sur le premier morceau joué par l'orchestre. Après avoir passé des semaines à peaufiner nos robes, le jour J arriva enfin! Nous étions si excitées et si anxieuses à la fois que nous ne vîmes pas le temps s'écouler. Pour ne pas nous mettre trop en retard, nous décidions alors de couper à travers bois. Cela ne nous effrayait nullement: nous le connaissions très bien. Nous quittions donc nos demeures respectives un peu avant la nuit et empruntions les sentiers de la forêt qui devaient nous mener vers le mariage, le Bonheur! Nous avions fait la moitié du chemin, le soleil avait désormais fait place à l'astre mort, lorsque nous entendîmes les lamentations de ce qui semblait être un faon. Un regard échangé et nous décidions que si ce pauvre animal avait besoin de notre aide, le bal pourrait bien attendre encore un peu. Nous avançâmes vers la bête en nous guidant grâce à ses bramements, sans nous rendre compte que nous pénétrions un terrain qui nous était inconnu. En effet, cette partie touffue de la forêt nous avait toujours été défendue et pour cause: on disait que la végétation s'y déplaçait, ne permettant pas au promeneur égaré de retrouver son chemin. Nous étions donc perdues. L'appel du faon cessa. Ce fut le silence absolu et nous ne voyions pas au-delà de deux mètres, le ciel ayant disparu derrière la cime des arbres. Un sentiment d'appréhension nous gagna alors. N'osant même plus avancer, nous attendions. Quoi? Je ne saurai vous dire exactement mais quelque chose vint. Ce fut d'abord une faible lueur dans la nature. Cette timide lumière se rapprocha, accompagnée de bruits de pas. Quelqu'un venait à notre secours! Ou peut-être était-ce une autre personne perdue? La réponse ne se fit pas attendre bien longtemps: un homme d'une cinquantaine d'années, un peu voûté, les cheveux gris ébouriffés, avançait vers nous à l'aide d'une canne en bois. de l'autre main, il tenait une petite lampe à huile. Il avait l'allure typique d'un ermite. _ Je vois que la forêt vous a joué un tour! _ Nous nous sommes perdues en voulant aider un faon, lui répondis-je. _Aider un faon? _ Oui, nous avons entendu un faon pleurer alors... _ Vous avez souhaitez lui venir en aide, me coupa-t-il. J'acquiesçais d'un signe de tête. C'est bien ce que je pensais : la forêt vous a joué un tour. Nous le regardions, interrogatrices. D'où venez-vous comme ça? _ De Barchas, répondit Angie. Nous nous rendions à la cérémonie de l'été. _ Ah... Et quels sont vos prénoms? _ Je suis Naamah et voici mon amie Aviva, continua-t-elle. (Il s'agit là des prénoms que nos parents, humains, nous ont jadis donné.) _ Et bien mesdemoiselles, je suppose que vous avez très envie de retrouver vos promis. Ravissantes comme vous êtes, vous devez en avoir, n'est-ce pas? Nous mimâmes un oui. Je peux vous aider. _ Vraiment?! Ce serait si gentil de votre part. Nos pères vous récompenseraient sûrement. _ Oh, je ne veux aucune récompense. C'est la moindre des choses. _ Mais comment allez-vous faire?, demandais-je suspicieuse. On dit que personne n'est jamais revenu de cette partie de la forêt. _ C'est ce que l'on dit car j'ai fait promettre à tous ceux que j'ai aidé de ne point en parler sinon à quoi servirais-je si tout le monde sait comment quitter ces lieux? _ Mais pourquoi restez vous ici si vous savez comment repartir? _ J'aime cet endroit. Il faut bien que quelqu'un guide les pauvres âmes égarées! Je pouvais sentir ses yeux rivés sur nous. Je ne vous demanderais qu'un service. _ Lequel? _ De m'accompagner chez moi, je vous donnerai des lettres à ramener à Kallithea pour moi. Si ça ne vous dérange pas, évidemment. _ Biensûr que non! _ Dans ce cas, suivez-moi. Nous le suivîmes donc à travers de petits sentiers tortueux, nous traversâmes un marécage en passant sur des pierres pour enfin s'arrêter devant ce qui avait tout l'air d'une grotte. L'entrée était camouflée derrière un amas de feuilles et ronces qu'il retira pour que nous puissions avancer. Des torches accrochées sur les parois de la caverne brûlaient sur une dizaine de mètres. Au bout de ce long couloir, nous nous arrêtâmes pour regarder l’endroit où nous étions. Lui, avait continué, nous invitant à faire de même. La pièce était plutôt grande, sombre et voûtée. A l'autre extrémité se trouvait un passage, donnant sur une autre salle. La décoration laissait à désirer : il y avait très peu de meubles mais des centaines de manuscrits ainsi qu'une vieille paillasse. En revanche je fus surprise par l'odeur qui s'en dégageait car elle était loin d'être désagréable et humide. Nous nous asseyâmes pendant qu'il cherchait ses fameuses lettres. Je remarquais alors une statue d'au moins 2m de haut représentant une femme d'une grande beauté, entièrement nue, les mains sur les hanches. Je fus comme attirée tel un aimant et me dirigeait vers elle pour la toucher. La pierre était froide et son contact m’électrisa. _ Qui est-ce ?, demandais-je en la pointant du doigt. _ La Reine de la nuit. Enfin, c'est ce que l'homme qui me l'a vendue m'a dit. _ Je n'en ai jamais entendu parler... _ Une sorte de prêtresse. Je devais la rapporter à ma bien-aimée lorsque je me suis perdu. Ses yeux s'emplirent de larmes, après une longue inspiration, il reprit: Vous prendrez bien à boire? _ C'est que nous sommes assez pressées. Avez-vous trouvé vos lettres? Il fit mine de ne pas m'entendre et se dirigea vers l'autre salle. _ Juste un petit verre. Vous me direz ce que vous en pensez! _ Mais... Il disparut dans l'autre salle. Sur son siège, Naamah ne tenait pas en place. _ Cet endroit me donne la chair de poule. Je veux partir! _ Nous ne pouvons pas refuser son hospitalité, il risquerait de mal le prendre et ne plus vouloir nous aider. _ Je n'ai pas soif. _ Alors je boirai pour deux si tu ne peux pas te forcer un petit peu. Il revint avec deux gobelets qu'il nous tendit. _ Goûtez moi ça. _ Qu'est-ce... _ Un mélange de plantes. c'est très bon, allez-y. Naamah repoussa doucement le verre. _ Merci mais je n'ai pas très soif. _ Je boirai le sien si c'est aussi bon que vous le prétendez. Ainsi, rien ne sera gâché. Il me lança un sourire et ne me quitta pas des yeux alors que j'avalais, non sans mal, le liquide âcre et épais. Une fois fini, je posais le gobelet en essayant de masquer une grimace de dégoût. Et tandis que je me tournai vers mon amie, je fus prise d'un terrible haut-le -cœur. Je tremblai de tous mes membres, ma respiration se faisait de plus en plus difficile. Alors que je tentais de me lever, je m'écroulais à moitié sur la table faisant valser tout ce qui s'y trouvait. Ma tête, prise d'un mal abominable, me martelait, mais ce n'était rien en comparaison des violences que le poison, ça ne pouvait être autre chose, infligeait à chacun de mes organes. J'entendais Naamah supplier et le sorcier commençait à réciter des incantations dans une langue qui m'était absolument inconnue. Prise de spasmes d'une rare brutalité, je m'écroulais au sol. Mon esprit bourdonnait, ma peau était si brûlante que j'en arrachais mes vêtements, me blessant par la même occasion. Je cherchais à hurler pour expulser ma douleur mais aucun cri ne sortait. Je m'arrêtais tout à coup, allongée sur le dos, les yeux rivés au plafond. Malgré tous mes efforts, je ne parvenais même pas à battre des cils. Au-dessus de moi, le sorcier parlait de plus en plus fort, d'une main il dessinait je ne sais quoi sur mon corps meurtri, l'autre était tendue vers la statue. Mon cerveau endolori ne me permettait plus de réfléchir, juste subir. Ce que je vis alors hantera pourtant ma mémoire pour l'éternité. La bouche de la femme s'ouvrit en grand et un énorme serpent blanc tacheté de jaune apparu ; il glissa lentement jusqu'au pied de sa cachette, comme si on l'avait sorti d'un profond sommeil. Il rampa vers moi et je le sentis parcourir mon entre-jambes. Des milliers de frissons me parcourent, tous mes poils s’étaient dressés. Je ne comprenais pas ce qu’il cherchait par là… Une douleur innommable me déchira alors, cependant aucun son ne sorti de ma bouche. Les battements de mon cœur s'affaiblissaient au fur et à mesure que le reptile semblait me dévorer de l'intérieur. Mes yeux refusaient de se fermer, comme si je n’avais plus de paupières pour les clore, mais l’obscurité m’envahit. Je fis un cauchemar. J'étais perdue dans une forêt sombre aux arbres monstrueux, alors que je m’étais assise, épuisée, une main s'était posée sur mon épaule : une femme, la plus belle de toutes, se dressait devant moi. Elle me sourit puis me tendit la main, je la suivi sans hésiter. Nous marchâmes jusqu'au sommet d'une falaise. Je m'arrêtais, elle continua quelques instants puis se retourna en me faisant signe de la suivre. _ Je ne peux pas. _ Biensûr que si. Viens, suis moi. Sa voix était aussi forte et mélodieuse que le vent qui soufflait. Je fis un pas en avant puis me ravisais. _ Où va-t-on? _ De l'autre côté. _ Qu'y a-t-il là-bas que je ne trouverais pas ici? _ La vie. _ Mais... Je me retournai et vis des milliers de rampants s'approcher de moi. J'étais prise de panique. _ Fais moi confiance Aviva. _ Comment savez-vous mon prénom? Je.. _ Je suis Sephira, la Reine de la Nuit. J'avais déjà entendu ce nom quelque part... Quelque chose me fit tressaillir: deux petits reptiles venaient de me mordre et d'autres n'allaient pas tarder à faire de même. Dépêche-toi Aviva! _ J'ai peur! Je vais tomber! Je ne veux pas mourir... _ Tu ne mourras pas. Ni aujourd'hui, ni jamais. Une autre morsure. Suis moi et tu vivras. Elle disparu derrière d'épais nuages. _ Sephira, je ne vous vois plus! Encore une autre morsure. Le venin commençait à me faire tourner la tête. _ Suis moi Aviva, laisse toi guider par ma voix et aie confiance en toi. _ Sephira! _ Tu es immortelle Aviva. Dépêche-toi! Je m'empressai alors de la rejoindre, je courrais dans le vide sans réfléchir, les vagues en dessous s'écrasaient contre les rochers. Je ne trouvais pas Sephira et je ne parvenais plus à avancer, sans doute à cause du poison. Alors je tombais. Une chute vertigineuse, pareille à celle d'un oiseau aux ailes brisées...
Je m'éveillais dans un hurlement à faire trembler la terre! Il me fallut quelques secondes pour prendre conscience de l’endroit où je me trouvais. A mon grand soulagement, je ne m'étais pas écrasée mais quelque chose me tracassait. Je pris une grande inspiration et tout en faisant craquer mes cervicales, je regardais autour de moi. Mes yeux se posèrent sur une créature au visage baigné de larmes, le regard empli d'une multitude de questions mêlées d'angoisse. Je la regardais sans réellement la voir. Son odeur, celle de la terreur, parfumait la pièce entière. Une odeur sucrée, alléchante… Je remarquais soudain, sous sa chevelure, une fine et longue marque bleutée. En me concentrant, je parvins même à voir un liquide y couler à flots... du sang!! Je m'approchais quasi-rampante, telle un serpent, et elle se mit à implorer pitié. Pourquoi donc? Je ne savais pas moi même ce que je m'apprêtais à faire. Je lui caressais le visage, prenant soin de mettre ses cheveux en arrière et sourit. Ma main descendit jusque son cou, dégageant les dernières mèches. Je me penchai sur cette veine et y posai délicatement mes lèvres légèrement écartées. Chacun de mes gestes étaient instinctifs, je ne savais pas pourquoi je faisais cela mais je savais qu’il le fallait, c’était vital ! Puis, ouvrant un peu la bouche, je mordis et aspirai le liquide chaud et onctueux. La pauvre créature tenta d'abord de me repousser : en vain car ma force était largement supérieure à la sienne, puis se laissa faire, envahie par un plaisir sans doute aussi intense que le mien. Après lui avoir ôté presque toute vie, je relâchai son corps inerte et m'essuyai le coin des lèvres. Mais, alors que j'aurais dû être soulagée d'avoir apaisé ma faim, un sentiment de tristesse me gagna. Me tournant vers elle, je la vis enfin: c'était Naamah, ma seule et véritable amie. Et elle allait mourir par ma faute/ la serrant contre moi, les battements de son cœur étaient si faibles, je pleurais en répétant son beau prénom. Je regardai autour de moi à l'affût d'une aide quelconque. Je vis une statue dont le modèle m'était singulier et un vieillard m'observant, stupéfait. Tout me revint en mémoire en quelques secondes. _ Qu'est-ce que vous m'avez fait? Ma voix me surpris, elle semblait venir du plus profond de mon être. _ J'ai fait de toi une divinité. _ Vous avez fait de moi une meurtrière!! Regardez! Je l'ai tuée... Des larmes de sang coulaient de mes yeux. _ Ne t'en fais pas. Il vint vers moi. Tu devrais même me remercier de t'avoir permis de t'épanouir. Je le regardais sans comprendre. Il effleura ma joue du bout des doigts. Tu es magnifique... _ Non.. Noooon!! J’avais l’impression d’avoir grogné ce dernier mot plutôt que l’avoir crié. Le repoussant d'un revers de la main, je l'envoyai valdinguer à l'autre bout de la salle puis reposais doucement Naamah pour m'approcher d'un pas décidé vers ce sorcier. Il reprenait à peine ses esprits lorsqu'en lui serrant la gorge, je le levais à plus de 30cm du sol. Tu as fait de moi un monstre!! _ Calme toi... Ses mots étaient entre-coupés, il avait du mal à respirer. _ Me calmer?! Tu vas mourir pour ce que tu as fait! _ Tu ne...peux pas...faire ça... Je serrais plus fort. La haine, pour la première fois, me consumait. Attend...sais...ment...réanim... _ Vraiment? _..jure... _ Qui me dit que je peux te faire confiance après ce que tu m'as fait? _ F...vite... Je relâchai prise, le laissait s'écrouler sans ménagement. _ Je t'écoute. Il se racle la gorge. _ Tu as été élue, Aviva. Sephira m'avait prédit ta venue dans ce bois, je t'y attends depuis des années, je n'ai fait qu'exécuter sa volonté. _ Je ne comprend rien! Je serai les poings, ma rage était un véritable brasier. _ Tu es une vampire, une des enfants de Sephira. _ Une quoi? Une enfant de... Tu délires complètement!! _ Aviva... _ Suffit! Tu m'as promis d'aider Naamah. _ Je n'ai pas menti. _ Alors qu'est- ce que tu attends? _ Tu peux la faire revivre avec ton sang. _ Comment? _ Il faut qu'elle boive ton sang. _ Mais elle est inconsciente, elle est en train de mourir! Comment va-t-elle faire? _ Il suffit de t'entailler une veine du poignet et laisser couler ton sang dans sa bouche. Il est si puissant qu'il l'a réanimera. _ Je te promet que si tu as menti, je te tuerai. Sans plus attendre, je suivis ses instructions, appuyant sur mon bras afin que le sang coule encore plus vite. Pas même deux minutes plus tard, je m'arrêtais. Ma plaie disparu comme par magie, mon sang coulait dans ses veines : elle revivait. Ses paupières lourdes s'ouvrirent, elle se redressa brusquement en prenant une grosse bouffée d'air. Ensuite, sans me prêter attention, elle regarda autour d'elle et se jeta sur le sorcier. _ NOOOOOONNN!!! C'était trop tard. J'étais si surprise que je n'avais pas eu le temps de réagir. Et puis, je ne savais pas qu'elle deviendrait comme moi, une vampire. Et qui était Sephira? De quoi étais-je l'élue? Et pourquoi moi? Tant de questions se bousculaient. J'entendis Naamah pleurer. _ Aviva... Qu'est-ce qui nous est arrivé? Elle se tenait le cou sans quitter des yeux le corps inerte du vieillard. Suis- je morte? _ Non. _ Je veux rentrer chez nous... Sans parler, je m'enroulai dans un linge et, prenant Naamah par la main, quittais ce lieu maudit. Errant dans les bois, couvertes de sang, nous marchâmes sans trop savoir où nous allions. Le bal était fini depuis longtemps, le jour avait dû se lever une heure auparavant. Je ne sais par quel miracle, nous arrivâmes au village. Nous avions peine à marcher, transpirions à grosses gouttes, nos yeux brûlés par les rayons du soleil se plissaient malgré nous, la fatigue avait marqué nos visages d'ordinaire radieux. Les femmes restées au village accoururent vers nous, nos mères les premières. Les hommes étaient partis dans les bois et autres villages à notre recherche. Pendant plusieurs jours nous restâmes couchées encore brûlées par la lumière du jour. Nos parents pensaient que nous étions choquées en raison de l’attaque d’un animal et nous les laissions croire. Le temps passait et la faim nous tiraillait, nous avions même commencer à dévorer de la viande crue en cachette puis les poules et un soir… L’un des nôtres ! Notre vie était devenue un enfer ! Nous vivions la nuit et mes journées étaient faites de cauchemars. Naamah rêvait tout comme moi. Nous parcourions les bois, les villages, vidant de leur sang tous ceux que nous croisions. Chaque réveil s'avérait plus douloureux que le précédent. Je constatais par ailleurs que la lumière du soleil était insupportable tout comme la proximité des gens que nous voulions ardemment dévorer… Un soir, Naamah et moi, nous sommes retrouvées près de la rivière. Après un long silence, nous parlâmes de la situation et de notre plus gros problème: le besoin de sang. Depuis notre victime, les animaux nous avaient plus ou moins rassasiées mais le goût du sang humain nous hantait. C'était une véritable torture que de voir et sentir tous ces êtres autour de nous sans pouvoir les aspirer jusqu'à la dernière goutte! Nous avions pu résister mais combien de temps encore cela allait-il durer? D'autant plus que nos réactions inquiétaient tout le monde. Nous décidâmes de retourner à la grotte pour tenter d'en savoir plus. Le soir même, nous partions donc, en pleine nuit, sans un bruit. Nous étions comme deux panthères : agiles, discrètes et surtout nos yeux voyaient parfaitement dans le noir! Ce fut sans mal que nous retrouvâmes la demeure du sorcier. Son corps en décomposition gisait sur le sol, l'odeur qui s'en dégageait était insoutenable. Fouillant chaque recoin, nous trouvâmes un parchemin et plusieurs feuilles volantes. Le premier était au sujet de Sephira, les seconds sur le rituel à accomplir pour faire d'un élu un vampire et plus précisément ramener une certaine Morphea à la vie. Curieusement, la langue utilisée pour rédiger ces documents m'avait d'abord parue incompréhensible puis aussi lisible que ma langue maternelle. D'un commun accord, nous brûlâmes les feuilles mais lorsque nous voulûmes faire de même pour le parchemin, il resta intact. Je le glissai donc dans la bouche de la statue espérant que personne ne l'y trouve. Nous fîmes brûler la caverne en prenant soin que le feu n'atteigne pas la végétation alentour et quittâmes les lieux sans nous retourner. Le lendemain, nous vîmes Matteo et Andreas. Ce fut la dernière fois. Nous étions des Vampires, des immortelles, nous avions besoin de sang, plus rien ne serait jamais comme avant. Nous ne pouvions pas leur faire courir de risques et nous n'aurions pu cacher notre terrible secret bien longtemps. Ce soir là, nous ne sommes pas rentrées, nous sommes parties le plus loin possible. Et Dieu sait combien se fut douloureux. D'ailleurs, ça l'est encore aujourd'hui. | |
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| Sujet: Re: Les Elus ~ texte protégé Sam 20 Mar - 12:32 | |
| _ 3 _ Radieuse, Angie me serre dans ses bras puis, me regardant droit dans les yeux: _ Une mauvaise nouvelle? _ Non, juste un coup de blues. _ Tu penses trop! _ Et toi, pas assez. _ Possible! Mais il y a des choses auxquelles il ne fait pas bon penser donc je n'y pense pas et tu ferais bien d'en faire autant! Je lui souris, sa bonne humeur est contagieuse. Tu ne devineras jamais qui j’ai croisé ! _ Non, dis. _ En fait je sais pas son nom, dit-elle en riant. Mais il joue dans ce film là, avec celle qui joue dans Buffy… _ Tu m’aides beaucoup. _ Mais si !! Le film avec un tueur pêcheur… ahhh !!! Ryan Philippe !! Je réflechis un instant. _ Le grand brun ? _ Non l’autre !! Le playboy qui fait de la boxe thai !! _ Oui, oui je me souviens. Et ? _ Et on a parlé, il est sympa ! J’aurai bien voulu voir Buffy, ça aurait pu être drôle ! Et si on sortait? C'est notre anniversaire bientôt ! Et je me sens d'humeur à faire la fête! _ Je me sens.. vieille ; dis-je en me laissant tomber sur le sofa en velours violet. _ Oui mais tu n'as pas une ride! Et pour une femme de quelques milliers d'années, je te trouve plutôt bien conservée! _ Sois sérieuse, dis-je sans grande conviction. _ J'aurai tout le temps de l'être demain! Elle me tend la main. Allez debout! _ Où va-t-on? Elle me tire vers elle pour me relever. _ Je ne sais pas! Roulons jusqu'à en épuiser le réservoir d'essence! _ Angie… _ Prends quelques affaires, des fois qu'on s'installerai avec de beaux garçons! Allez !!! Me laissant convaincre je me lève et c'est en riant comme deux enfants que nous préparons nos valises pour ce voyage improvisé. Après avoir tiré à pile ou face, nous empruntons l'autoroute du Nord. Notre voiture est un break décapotable noir dont l'intérieur cuir est très confortable: petite folie d'Angie qui, à mes côtés, les doigts de pieds en éventail sur le tableau de bord, chante à tue tête une chanson d'Alanis Morisette à laquelle j'ai le droit à chaque voyage! …It’s like rain on your wedding day….Je l'accompagne aussitôt et nous nous prenons pour des stars du rock donnant un concert. J’adore la vitesse et presse donc sur l’accélérateur , dépassant la limite autorisée. Le vent ébouriffe nos cheveux mais sous ce soleil puissant quoi de plus agréable ? C'est un beau jeune homme faisant de l'auto-stop sur le bord de l’auto route qui nous coupe dans notre élan. Je l'ai remarqué au moins un kilomètre avant, ses grands yeux noisettes ont attiré mon regard tels des aimants. A sa hauteur, je freine tout en baissant la musique. _ On te dépose quelque part?, lance Angie en imitant ces vieux machos croisés dans les bars, avant d'éclater de rire. Il sourit. _ Je vais à Eureka, et vous? _ Nous aussi, monte! _ Cool. Il s'installe à l'arrière avec son sac à dos et nous reprenons la route à une allure plus sérieuse. Nous savons maintenant où aller et ce garçon me plait beaucoup. Il a l'air intelligent, vif, doux... Ce n'est pas un sportif : il fume beaucoup trop pour avoir un bon souffle. Au fil des années, j'ai appris à détecter les maladies ou handicaps des humains en étant à proximité grâce à leur odeur, leur démarche, la couleur de leur peau et même au toucher. _ Tu t'appelles comment? _ Skeet et vous? _ Angie et elle, c'est mon amie Michelle. Il fronce légèrement les sourcils. On n'est pas en couple si c'est à ça que tu penses! Il rit. _ Vous n'êtes pas d'Eureka, je ne vous ai jamais vues là-bas. _ C'est si petit que ça?, continue Angie, quelque peu déçue. _ Non, mais je connais toutes les jolies filles. Je vois à ses joues légèrement empourprées qu’il s'étonne lui-même de ce qu'il vient de dire. _ Dis moi, "Skeet", c'est rare comme prénom, dis-je en le regardant par le biais du rétroviseur. Il me regarde aussi et je sais alors que mon attirance pour lui est réciproque. Les humains, les hommes surtout, sont souvent comme des livres ouverts ! _ C'est ma mère, elle aime bien tout ce qui sort de l'ordinaire. _ T'habites seul ou chez tes parents?, enchaîne Angie. _ Avec ma mère. Il est un peu gêné. Vous venez d'où? _ Ici et ailleurs. _ Vous devez avoir les moyens de voyager... _ On a beaucoup travaillé pour ça. On se fait une année sabbatique. _ Ah, c'est le pied ça! Et quel était le point de départ? _ Barchas. C'est un tout petit village. _ Ah... Il semble fouiller sa mémoire pour savoir où se trouve ce fameux village mais abandonne rapidement. Et vous allez faire quoi à Eureka? Il cherche quelque chose dans sa poche : des cigarettes. _ Fumer tue!, lance Angie. C'est écrit sur les paquets, tu savais pas? _ Erm.. Désolé…. La fumée vous dérange? _ Non, c'est pour toi que j'le dis. _ Je sais, mais c'est un péché mignon. _ Il vaut mieux ça qu'un autre, dis-je à mon amie. _ A qui le dis tu!, me répond-elle. Nous savons de quoi nous parlons. Le nôtre, c'est le sang! Je suis d'ailleurs persuadée que celui de Skeet est délicieux... Tu vas bien nous présenter quelques beaux mâles?, dit-elle le sourire aux lèvres. _ Tu as sorti ton dico de charretier ! Cela le fait rire et Angie me tire la langue. _ Sans problème. Tu les aimes comment Angie? C'est bien Angie? _ Oui! Moi, je les aime musclés, drôles, fans de jeux vidéos et dotés d'un cerveau si possible. _ J'ai ça en stock. Et toi, Michelle? J'adore sa façon de prononcer les "L". _ Si tu as un frère jumeau, il n'y a pas de problème. _ Pourquoi pas moi tout simplement? _ Tu n'as pas de petite amie? _ Non, je suis un cœur à prendre. Nous échangeons un regard complice. _ Tu faisais quoi à Long Beach?, demande soudain Angie. _ J'étais venu voir un pote. Il devait revenir avec moi mais y'a eu un changement de programme de dernière minute. _ Le hasard fait bien les choses, dit-elle. _ Oui. Je sens un sourire sur les lèvres de Skeet, les battements de son cœur ont accéléré quelques secondes. Vous avez quel âge? _ C'est très indiscret... D'après toi? _ Je ne sais pas... Vingt ans? Vingt et un? _ Nous aurons vingt et un an dans trois jours, toutes les deux. _ Le même jour? Vous êtes jumelles alors ! _ Non, non, juste amies. _ C'est étonnant! _ La vie est pleine de surprises! La conversation suit son court à l’aide d’ Angie surtout qui enchaîne les sujets sans réelles transitions... La route paraît ainsi moins longue au fur et à mesure qu’elle défile sous nos yeux. Je cesse de conduire vers 3:00 du matin et passe le relais à mon amie après nous être arrêtés pour prendre de l'essence. C’est une nuit très agréable, l’air est doux, le ciel brille de milles étoiles, l’atmosphère est détendue comme si nous étions de vieux copains qui se retrouvaient. Je découvre Skeet avec plaisir, appréciant son côté à la fois mystérieux et curieux de tout. A maintes reprises il me fait penser à Mattéo, ce qui renforce mon attirance envers lui, et me pousse à feindre une petite fatigue pour passer à l’arrière du véhicule et poser ma tête sur son épaule. Angie me fait un clin d’œil et fait alors face à la route seule, nous laissant parler en tête à tête. Il évite tout ce qui concerne sa famille, un sujet douloureux pour lui. Pour ma part, je dit que mes parents sont décédés il y a plusieurs années et que, sans le soutien d'Angie je n'aurai pu m'en sortir puis je change de conversation, ce qui nous convient parfaitement. Je peux alors lire dans ses yeux qu'il comprend ma tristesse, sans doute pour l'avoir vécue lui-même. Il m' apprend qu'il est passionné de littérature fantastique (son roman favori est Dracula, quelle coïncidence !), d'informatique et de tir à l'arc. Je saisis là l'occasion de le revoir rapidement en lui demandant de m'emmener au plus vite dans son club pour que je puisse pratiquer ce sport que je chérissais tant il y a... quelques siècles. Si je n'ai pas perdu la main, il risque d'être fort impressionné par mon savoir faire. L'arrivée à Eureka, une ville tranquille, se fait vers 8:30. Nous avons pris notre temps. Le jour est encore jeune mais le soleil tape déjà fort. _ Où est-ce qu'on te dépose?, lance Angie. Skeet observe les alentours. _ C'est deux rues à gauche. Une maison avec un portail blanc. Angie prend le chemin qu'il indique pour s'arrêter devant chez lui. Merci les filles. J'ai votre numéro, j'appelle ce soir. Il dépose un doux baiser sur ma joue avant de descendre du break. Reposez vous bien. _ Toi aussi. Après un signe de la main, nous sommes parties à la recherche de notre nouvelle demeure. Deux heures plus tard, nous trouvons une agence immobilière proposant une maison sur deux étages, meublée et disponible de suite. Apparemment, le prix fait fuir les éventuels acheteurs mais nous n'avons pas le temps de chercher plus, ni l’envie. La maison possède une piscine et se trouve dans le quartier huppé, à l’abri des regards : c’est ce qu’il nous faut ! Sans hésiter, j’use un peu de mon charme pour convaincre le vendeur de ma la céder immédiatement et je règle avec l'une de mes nombreuses cartes de crédit. Il va sans dire qu'après tous ces siècles j'ai acquis une fortune spectaculaire. J'avoue ne pas avoir beaucoup travaillé, plutôt volé, mais surtout j'ai placé cet argent sur différents comptes et les fait fructifier avec des actions mais passons! Nous faisons ensuite quelques courses et j'en profite pour vous préciser que nous pouvons manger et boire, c'est juste que nous n'en éprouvons pas le besoin. Dépourvues d'un système digestif en bon état de marche, nous sommes contraintes de vomir ce que nous avons ingurgité (sauf le sang qui nous régénère) car il nous faudrait des mois à digérer. Les aliments pourriraient avant même que nous ayons commencer à les digérer. Je vous passe les détails. Pour finir, tout nous parait fade malgré notre goût développé. Une fois les clés en mains, nous décidons de nous reposer en attendant la fin d'après midi : le soleil de Californie est très fatiguant pour un vampire. Avant de se coucher, Angie me lance juste : _ Fais de beaux rêves! Je sais qu'elle fait allusion à Skeet. Bien que nous n'en ayons pas parlé, elle sait qu'il me plait. Elle me connaît trop bien! Et sans vouloir lui donner raison, je ne peux m'empêcher de tourner toutes mes pensées vers lui avant de m'assoupir sur mon lit...
Dernière édition par Tinker le Sam 20 Mar - 12:34, édité 1 fois | |
| | | Tinker
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| Sujet: Re: Les Elus ~ texte protégé Sam 20 Mar - 12:33 | |
| _4_ Je suis allongée sur une plage au sable nacré, les vagues chatouillent mes pieds nus... Haut dans le ciel, la demie-lune, rouge, est écarlate. Quelqu'un arrive. _ Tu vois, tu ne risquais rien. Sephira est maintenant près de moi. Je me lève. La Lune est magnifique ce soir. _ Pourquoi est-elle rouge? _ Elle s'emplie de sang. _ De sang? _ De mon sang. _ J'ai peur de ne pas comprendre... _ Je vais renaître Morphea. En fait, je suis déjà là-bas mais personne ne le sait, pas même moi. _ Où ça "là-bas"? _ Dans le monde des Mortels. Tu dois m'aider Morphea. _ Je ferais tout ce que vous me demanderez mais comment faire? Elle commence à s'élever vers le ciel. _ Trouve-moi et réveille moi. _ Comment? _ Tu le sais, cherche en toi. _ Mais... Et si je ne trouve pas? _ Aie confiance en toi. Tu es une élue. _ Sephira, ne me laissez pas! Elle est déjà bien haut, tel un ange, dans d'autres sphères, intouchable. Sephira!... A bientôt. Ce n'était qu'un rêve! Il y avait bien longtemps que Sephira ne m'était apparue, chaque fois plus réelle, plus proche. Ce qui est étrange, c'est que jamais Angie n'en a rêvé. Sans doute parce qu'elle n'est pas une élue. Après avoir quitté Barchas, nous avons parcouru toute l'Europe du Nord laissant derrière nous une longue traînée de sang. En effet, notre appétit de jeunes vampires était difficilement contrôlable. Pendant les deux années qui suivirent, nous découvrîmes nos nouvelles facultés et les améliorions dès que l'occasion se présentait. Mis à part une vue exceptionnelle aussi bien de jour que de nuit, notre ouïe, notre odorat... Presque nos sens s'étaient amplifiés. Notre force équivalait à celle de cinq hommes réunis (aujourd'hui, elle vaut bien celle de quinze). Nous n'étions plus humaines mais sur-humaines. Cependant, je notais que Naamah (Angie) était un peu plus faible dans chaque domaine et l'idée d'élue me revint à l'esprit. Je la décidais donc à retourner à Barchas en prenant soin d'éviter les villages où nous avions semé la panique. Il fallait que nous récupérions le parchemin. Après plusieurs mois, nous arrivions chez nous ou plutôt ce qu'il en restait. La joie de revoir nos familles céda la place à l'angoisse. Le village avait été dévasté. Cela avait dû se produire plusieurs mois auparavant mais je pouvais encore sentir l'odeur du sang et du feu mis aux habitations. Nos familles et amis avaient subit une attaque, certainement des barbares. Nous allâmes au village voisin et interrogeâmes un homme au hasard sur ce qui était arrivé à Barchas. Il nous conta que le village avait été assaillit par des hommes venus d'ailleurs quatre mois plus tôt; ces hommes recherchaient une jeune fille. Il ne sut nous dire pour quelle raison mais après avoir massacré les habitants qui s'opposaient à leur volonté d'enlever toutes les jeunes filles, ils ont réduit le village en cendres et sont repartis sans avoir retrouvé celle qu'ils cherchaient. _ Qu'est-il advenu des survivants? _ Les survivants? Il n'y en a aucun. Nos yeux s'étaient emplis de larmes. Vous aviez de la famille? _ Oui. Nous nous sommes éloignées coupant court à la conversation. Ces barbares étaient venus pour moi, cela ne faisait aucun doute. Mais pourquoi? Et surtout pourquoi tuer tout le monde? Les enfants... Je chassais immédiatement cette pensée et sans tarder et nous sommes allées à la grotte. Elle était humide, la végétation et les insectes y avaient élu domicile. Mais au milieu, la statue se dressait dans toute sa splendeur, intacte. Comme si tous savaient qu'il ne fallait pas y toucher, comme si la nature l'avait protégée. Je l'ai admiré un instant puis renversée afin que Naamah récupère le parchemin que j'y avais glissé quelques années plus tôt. Alors je pris soin, cette fois, de le lire avec attention. A l'époque où Sephira vivait (à l'aube de l'humanité), seuls les Dieux peuplaient la Terre. Elle était une déesse mi-femme, mi-serpent. Pour son mariage avec Squall, un prince de sa race, qu'elle aimait d'un amour pur et profond, le Dieu des Dieux -appelé Le Grand Sage- leur offrit le Royaume de la Nuit. Alors que tout allait pour le mieux entre eux, son mari se mit à penser qu'il pouvait devenir le plus puissant des Dieux et remplacer le Grand Sage. Au début, Sephira encouragea Squall mais elle se rendit vite compte qu'il avait perdu la tête et que le Mal le guidait dans sa soif de domination et puissance. Il profita du fait que Le Grand Sage soit penché sur la création d'une autre race (les humains) pour tenter de prendre sa place. Mais le Grand Sage ne fut pas dupe et il détourna les plans de trahison de Squall qu'il jugea ainsi que Sephira et leurs six enfants: Antarius, Morphea, Luzbel, Anx'oon, Hilina et Sangunn. Leur punition fut d'être changés en statue. Sephira l'implora d'épargner leurs enfants mais il n'en fit rien : toute la famille fut changée en pierre. Le parchemin n'indiquait pas ce qu'il s'était passé ensuite. Il parle uniquement d'une prophétie selon laquelle les enfants de Sephira et Squall renaîtront et trouveront une place parmi les hommes, sans pour autant en faire partie. Ils porteront en eux une terrible malédiction qui leur ferait perdre tous ceux qui leur sont chers, payant ainsi les erreurs de leurs parents. Ils se nourriraient de sang, seraient très sensibles au soleil et, contrairement aux Dieux, pourraient mourir d'un pieu dans le cœur ou la tête tranchée. Il n'était nullement précisé que les enfants de Sephira pourraient sauver des vies avec leur sang et faire d'autres maudits mais ce don n'était qu'un cadeau empoisonné. Ce jour là je compris le sens d'élue. j'avais été élue par le Grand Sage. J'étais l'une de ses déesses avec mon propre talon d'Achille, errant parmi les humains, jusqu'au jour où je trouverais le moyen d'être pardonnée pour mon passé, de faire pardonner mes parents... Mais je songeais aux autres enfants de Sephira. Etaient-ils nés aussi? J'optais pour un oui: les hommes qui me cherchaient, devaient certainement être menés par l'un d'eux, ayant décidé de suivre les traces de Squall, vu sa barbarie…Ou Squall lui même ! J'ai alors juré de le retrouvé et l'empêcher de nuire. Je ne voulais pas payer pour ses erreurs comme ma famille Vampire l'avait fait et comme je les payais à mon tour, ni voir les humains en pâtir davantage. | |
| | | Tinker
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| Sujet: Re: Les Elus ~ texte protégé Jeu 22 Avr - 21:07 | |
| _5_ Levées vers 15:30, après une bonne douche nous allons faire un tour en ville. Et nous avons bien fait! Plus nous approchons du campus universitaire, plus nous sentons une présence: celle d'un autre Vampire. Ceux de notre race dégagent une odeur ainsi qu'une aura particulières, très différentes de celles des autres espèces. Nous voulons le localiser lorsque trois étudiants nous accostent lourdement. _ Salut les beautés ! On peut vous renseigner ? _ Ca ira, merci. _ Alors vous êtes nouvelles par ici ?, demande le plus blond. _ Voilà tu as tout compris, maintenant excusez nous, s’impatiente Angie. L’un d’eux tente de me retenir par le bras. _ Fais pas ta farouche ! Je lui lance un regard noir et il reculent. Oh ça va, on voulait juste être sympa… , dit il en s’éloignant. On y va les gars, elles sont pas nettes ces filles ! Et voilà ! En l’espace de d’une minute à peine, le Vampire a déjà quitté les environs, pas de chance ! Peut-être un étudiant, nous aurons tout le loisir de le retrouver. Une chose est sûre: nous ne l'avons jamais croisé, son odeur nous est inconnue, et il semble jeune. En tant que Vampire, biensûr. Pour patienter, nous nous rendons à la bibliothèque pour consulter les archives afin de savoir si nous pouvons trouver quelque chose en rapport avec ce vampire. Il me suffit de jeter un oeil aux journaux de cet été pour constater qu'une série de meurtres sanglants a eu lieu dans une ville voisine, plus au nord. Les victimes étant pour la plupart des jeunes filles d'une vingtaine d'années, les policiers ont accordé ces crimes à un tueur en série se prenant pour... devinez! Un vampire, évidemment. Bref. Je doute que ce vampire fut seul et ses intentions saines. Il faut à tout prix que je mette la main sur lui... Mon portable vibre. _ Allo? _ C'est Skeet. J'te dérange pas? _ Du tout. Comment vas-tu? _ Ca va. Et toi? _ Très bien. Je suis contente que tu appelles. _ Je suis content que tu m'aies pas donné un faux numéro. Je ris doucement. Dis, vous faites quoi ce soir? _ Rien, on se demandait s'il n'y avait pas une bonne boîte de nuit dans le coin. _ J'en connais une chouette à vingt minutes. _ A Arcata? _ Tu en as entendu parler? Je crois surtout que mon nouvel ennemi doit y faire ses provisions. _ Vaguement oui... Ils passent quoi comme musique? _ Techno surtout. Tu aimes? _ Beaucoup! _ Cool. Je passe vous prendre vers 22:00 ? _ OK. _ Où? Je lui donne notre adresse. J'vois où c'est... Tranquille! _ J'aime aussi! _ Bon à toute l'heure! _ A toute à l'heure. Il raccroche et j'annonce la nouvelle à Angie. Avant de rentrer nous préparer, nous décidons de refaire le tour de la ville, au cas où le Vampire serait dans les parages, lui ou un autre, remarquez. Mais cette recherche est sans succès et nous rentrons sur les coups de 20:00. Deux heures pour se préparer? Ca devrait pouvoir se jouer. Je ne veux pas paraître aguicheuse mais assez sexy pour finir de faire craquer Skeet, tout en étant à l'aise si jamais je dois me battre. 22:00 tapantes, nous sommes fin prêtes. J'ai opté pour une tenue noire: un pantalon taille basse, un haut dos nu à col roulé et des bottines en cuir à talons carrés. Dans l'une d'elles je cache une dague en argent d'environ 12cm; sa lame est plus coupante qu'un rasoir. Les cheveux lâchés, je me suis peu maquillée : du crayon noir, un gloss transparent et une crème sur le haut du corps pour avoir la peau satinée. Mon parfum est discret mais assez fruité pour charmer quiconque le sentira. Angie, quand à elle, a enfilé une robe rouge à bretelles, courte, avec des chaussures à talons de la même couleur. Maintenant elle me dépasse de 5cm, atteignant le mètre 72. Son arme est un pic très pointu dont elle s'est servie pour relever ses cheveux. Elle a passé un trait d'eye liner et ne porte pas de parfum si ce n'est celui de son gel douche au monoï. De toute façon, elle est bien assez voyante comme ça: Angie a toujours aimer se faire remarquer. Il y a d'ailleurs des fois où elle aurait mieux fait de s'abstenir mais que voulez-vous? C'est tout elle! Ah, voilà Skeet. J'attend qu'il sonne pour lui ouvrir la porte. _ Bonsoir monsieur. Sa bouche s'entre ouvre légèrement, son regard si doux m'effleure. _ Tu es splendide. _ Merci. Entre, je t'en prie. Angie n'a pas fini. Il entre dans le salon, je referme la porte et l'y précède. Assied toi, elle n’en a que pour quelques minutes. Il s'assoit sur le canapé. Ses yeux explorent la pièce tandis que je prend place dans le fauteuil. _ Comment avez-vous fait pour louer une maison si vite? _ Pas louée, achetée. _ Quoi?! _ Mes parents m'ont laissé un héritage important. _ Que faisaient-ils? _ Avocats, tous les deux. Et tes parents? _ Ma mère est très malade. Avant elle était prof de littérature. Mon père... Je sais pas. _ Tu ne le connais pas? _ Non. A sa voix, je sens qu'il ne veut pas poursuivre et change de conversation. _ Quand tout sera installé, je te ferai faire le tour du propriétaire. _ Vous comptez rester longtemps? _ Le temps qu'il faudra. _ Pour? _ Je ne sais pas encore, on verra. Ma réponse le fait sourire. _ Tu es mystérieuse. _ Ca te déplait? _ Tout au contraire. Il me fixe intensément, son cœur bat la chamade lorsque mon regard se plonge dans le sien. Angie choisi tout juste ce moment pour faire son apparition. _ Si j'avais su que tu étais arrivé, je me serais dépêchée! _ Ca ne fait rien. _ Alors, comment me trouvez-vous? Elle tourne sur elle-même. _ Très belle, répondons-nous synchro. _ Bien ! on peut y aller alors ! _ Il faut juste que je passe prendre mon pote Chris chez Clarisse, annonce Skeet en se levant. _ Ok ! C’est loin ? _ Non, c’est sur le chemin. _ En route, mauvaise troupe ! , lance Angie et nous sortons. La maison de Clarisse est un peu plus grande que la nôtre, avec un jardin fabuleux. Une trentaine de jeunes s'y déhanchent sur la musique abasourdissante; je ne perçois pas la présence du Vampire mais d'autre chose de beaucoup plus fort... Nous suivons notre guide à travers la foule, certains se retournent sur notre passage, nous adressant des sourires charmeurs. Déjà possessif, Skeet me prend la main, lorsque nos doigts s'entrelacent nos deux corps sont parcourus de frissons, alors il m'indique que son copain est un peu plus loin avec une fille. Je serre légèrement sa main qui devient moite au contact de la mienne. La présence se fait de plus en plus intense. _ Alors Chris, tu dragues?, s'écrit-il. Un garçon d'à peine vingt ans se retourne, plutôt mignon, les cheveux en pétard, ras de cou du style surfer, marcel blanc, jean trop large. _ Skeet! Ca fait une heure que j't'attend! _ Désolé, j'étais passé prendre des amies. Je fais un pas en avant. Les yeux de Chris se posent furtivement sur nos mains enlacées. _ Salut! Je suis Michelle. Je lui tend l'autre main. _ Chris. Il me la serre en souriant. Un sourire hollywoodien qui le rend absolument craquant. _ Moi, c'est Angie! Ils se serrent la main sans se quitter des yeux et le geste dure un peu plus longtemps... Ensorcelé le Chris! _ Salut... Toujours Chris. Euh.. Je vous présente Calista. Il s'écarte et je vois derrière lui une jeune femme châtain clair aux yeux transperçants. Mon regard ne la lâche pas alors qu'elle fait la connaissance d'Angie et Skeet. _ Et voici Michelle...Je suis perdue dans mes pensées. Michelle? _ Oui. Enchantée. J'adore ta robe. _ Merci, répond –elle flattée. Dis, on ne s'est pas déjà vues quelque part? _ Peut être…. SEPHIRA. Je ne peux croire que je la rencontre enfin! _ Bon, tu m'excuses Calista mais on bouge. A moins que tu veuilles venir avec nous?, lui propose Chris. _ Non, ça ira. Bonne soirée. Nous la quittons mais je sais que ce n'est que provisoire. Dans la voiture Angie me lance un regard profond: elle a compris. Pendant le trajet, nous en apprenons plus sur Chris. Il a vingt ans, étudie l'archéologie, n'a pas de petite-amie, aime les voitures, le surf et la musique. Skeet et lui se connaissent depuis qu'ils sont enfants, un peu comme nous. Je profite du fait qu'il parle de la soirée pour tenter d'en savoir plus sur Calista. _ C'était chez la fille avec qui tu discutais? _ Non, elle c'est une nouvelle. _ Oh... Elle est au campus? _ Oui, en archéo avec moi. Et vous, vous êtes en quoi? _ On n'est pas encore inscrites. _ Tu comptes t'inscrire?, s'empresse de me demander Skeet. _ Qui sait? Je lui adresse un sourire coquin. Chris, pourquoi Calista n'est pas venue? _ J'sais pas trop. Elle a du penser que ça s'faisait pas de quitter la soirée comme ça. En plus, elle était arrivée que quelques minutes avant avec son frère. _ Son frère? Peut-être est-ce lui, le Vampire... _ Ouais, j'sais plus son nom. David ou Danny... Ah! On est arrivés! Vous allez adorer !! Nous nous garons sur le parking puis nous dirigeons vers l'entrée. Le videur, un grand balaise, nous fait signe de passer devant tout le monde: Chris le connaît. Nous entrons donc gratuitement et sans attente. La discothèque est gigantesque, sûrement une ancienne usine au vu des grandes fenêtres barbouillées de peinture sombre pour garder l’obscurité. La musique bat son plein, l'ambiance est déjà installée et.. Je sens l'odeur du sang. Je ne sais pas si celui que l'on cherche est ici mais il y a de fortes chances car en me concentrant un peu, je capte trois vampires. Angie m'effleure la main: elle les a sentis également. _ On visite d'abord, lui dis-je dans un souffle inaudible pour l'oreille humaine. Elle prend la main de Chris et l'entraîne vers la piste. _ Viens! _ C'est une proposition indécente?, blague-t-il en la suivant. Je les regarde s'éloigner puis me tourne vers Skeet. _ Que dis-tu d'un verre? _ Toujours! Nous nous dirigeons vers le bar. _ Ils font des cocktails? Les liquides sont moins désagréables à vomir. _ Oui et ils sont plutôt pas mal! Après nous être frayés un passage, nous prenons deux sièges au bar et commandons deux bloody mary (j'adore ce nom). J'insiste pour payer au moins le mien mais il refuse catégoriquement. _ Dans ce cas, la prochaine fois c'est moi! Il me sourit... Je craque complètement et malgré tous les efforts que je fais, j'ai du mal à cacher mes émotions. La présence des autres Vampires me perturbe. _ Tu ne veux pas danser? _ Oh si plus tard... Je sens qu'on m'observe, et en scrutant la foule, je remarque un jeune asiatique dansant sur l'un des podiums qui me regarde avec attention. Et ce n'est certainement pour mes beaux yeux. _ Quelque chose ne va pas? _ Excuse moi, j'avais la tête ailleurs. _ On peut savoir où? Je le regarde droit dans les yeux. _ Je pensais à nous. _ Nous? Son souffle s'accélère. _ Tu crois qu'il peut y avoir un "nous", un jour? Je prend ses mains dans les miennes. _ Je... Son esprit est confus. Je cesse de le fixer et fais mine d'être gênée à mon tour. Tu m'as tout de suite plu, Michelle. J'approche lentement mon visage du sien. _ Un coup de foudre... Il passe sa main dans ma nuque. _ Oui. Et toi, tu penses qu'il peut y avoir un "nous"? _ J'espère... Il presse délicatement ses lèvres contre les miennes et nous échangeons un baiser à la fois passionné et doux. Je sais que je devrais éviter ce genre de relations mais même un vampire a des sentiments! Nos bouches se détachent avec regret et nous nous observons en silence. C'est comme s'il essayait de me sonder. _ Je n'arrive pas à te lire... _ Est-ce si important? _ Non. Je préfère être surpris, découvrir... Tu es divine, vraiment. Je laisse échapper un sourire étonné et sirote ma boisson. Comment a-t-il deviné? Le hasard fait bien les choses. _ Le destin. Je ne crois pas au hasard. Je cache mon visage dans son cou pendant qu'il me caresse les cheveux. J'aimerais l'embrasser à nouveau, le mordre aussi, mais le devoir m'appelle. Je me redresse. On rejoint les autres? _ Tu veux vraiment? _ Oui, s'il te plait. Sinon, je ne pourrais plus me contrôler. Il me regarde amusé. _ Très bien. Skeet boit son verre d’une traite et j’en profite pour laisser le mien. Grâce à mon odorat sophistiqué, nous retrouvons nos amis en moins de deux minutes. Malgré les apparences, je vois qu'Angie a les yeux rivés sur le vampire qui est maintenant accompagné par deux de ses congénères. _ Cette boîte est géniale! , me lance-t-elle. _ Ca va Michelle, tu ne t'ennuie pas trop?, s'inquiète Chris. _ Du tout. Puis m'adressant à Angie: Il faut que j'aille aux toilettes! _ J'te suis!! Elle fait un petit signe à Chris, j'explique à Skeet que je vais là où il ne peut aller pour moi et nous nous éloignons, les laissant parler de nous. Hors de la piste, nous nous séparons afin d’encercler les vampires. Ils nous ont également senties et se dirigent vers une sortie dérobée. La discussion aura donc lieu dehors, ce qui est bien arrangeant. Angie m'indique qu'elle va les suivre, moi, je passe par l'étage supérieur. Je monte les escaliers en vitesse et cherche une fenêtre isolée. Celle que je repère donne juste au-dessus de la ruelle dans laquelle ils sont actuellement. Je l'ouvre sans me faire remarquer par les quelques jeunes déjà saouls qui se trouvent à proximité. J'ai juste le temps de voir l'asiatique se cacher dans les poubelles et j’en repère un sous une voiture quand au dernier... Il a dû vouloir surprendre Angie en restant immobile au-dessus de la porte et lui sauter dessus lorsqu’elle la refermerait mais elle l'avait remarqué et vient de lui asséner un puissant coup de pied au torse, l'encastrant dans la porte franchie quelques secondes plus tôt. Apparemment, ils ne souhaitent pas discuter. Celui sous la voiture s'apprête à quitter sa cachette mais en prenant un léger élan, je saute et atterri tout juste sur sa tête. Sa nuque se brise et je peux sentir son crâne éclater sous mes talons. Enfin son corps se réduit en cendres. Un de moins! Je laisse Angie porter le coup fatal à son adversaire et me lance à la poursuite du troisième. Mais lui, je ne veux pas le tuer immédiatement : il faut que je le fasse parler. Biensûr il court très vite, mais je suis encore plus rapide. Avant qu'il n'ait le temps de quitter la ruelle, je cours le long du mur sur sa gauche, prend appui et saute sur lui, le plaquant au sol. Il tente de se débattre mais je le freine dans sa témérité en lui fracturant le bras droit. _ Tu ne veux pas faire connaissance?, dis-je en le retournant. _ Va te faire foutre! _ Je déteste la vulgarité. Je lui casse l'autre bras. Il hurle et j'avoue que ça me plait. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas battue...Si on peut appeler ça un combat. Tu n'as pas changé d'avis? _ Qu'est-ce que tu veux, bordel?! _ Shhh... Pourquoi tant de haine? Je me penche tout près de son oreille. Pourquoi nous avez-vous attaquer? _ Parce que vous nous suiviez et on vous connaît pas! _ Et c’est comme ça que vous accueillez les nouveaux venus ?. _ Ouais bah, les nouveaux ont s'en méfie. _ Combien êtes vous? Tu dois bien avoir un groupe, vous n'étiez pas que trois? _ Comment j'saurais? Le monde est vaste! _ Ne joue pas au plus fin avec moi. Je lui arrache l'oreille avec les dents. Il hurle de plus belle. Je la recrache. Je vais donc poser une autre question: comme tous les groupes, vous devez avoir un QG. Où est-il? _ Jamais tu ne sauras! _ Bien. Je plonge mon visage dans son cou et le mord pour aspirer son sang. Il se débat mais le plaisir est trop bon pour lutter. Je ne l'achève pas et me redresse avant qu'il ne perde toutes ses forces vitales. Je lèche mes lèvres goulûment, telle une chatte se léchant les babines après un bon repas. Rien de tel que le sang d'un autre vampire. Tu ne veux toujours rien me dire? Je plonge mon regard dans le sien pour le forcer à me répondre. _ C’est… ici. _ Et combien êtes-vous? Il retrouve assez de force pour m'envoyer promener. _ Trop pour toi! _ Ok. Je capitule. Son air soulagé disparaît aussitôt que je glisse une main sur sa poitrine, y appuie mon index et mon majeur. Je ne sais pas si tu sais mais le cœur, ça ne se régénère pas. J'enfonce maintenant tous mes doigts. Ca rentre comme dans du beurre! Son cri déchire la nuit, pareil à celui d'un loup un soir de pleine lune. Personne ne peut t'entendre avec la musique. Désormais ma main fouille sa chair. _ Vas-y, tue moi! Mais tu ne sauras rien de plus. _ Très bien. D'un geste sec et rapide j'extirpe son cœur. Avant de redevenir poussière, il peut me voir le tenir dans ma paume puis le broyer comme une vulgaire boulette de papier. Angie me rejoint. _ Qu'est-ce qu'il t'a dit? _ Rien de bien transcendant. Et le tien? _ Idem mais il était bon! Nous rions. C'était des novices, il n’avait pas le goût de vieux vampire. Je nettoie mes vêtements et lèche le sang sur ma main. _ Pour ce soir, je pense qu'on devrait être tranquilles. _ Alors on va danser?! _ Allons y ! Nous repartons quelque peu soulagées. _ J'ai récupéré ça sur celui que j'ai tué. C'est peut être rien mais sait-on jamais? Elle me tend un collier en argent avec un pendentif: un dragon enroulé sur lui-même avec des yeux couleur miel et un insecte incrusté dans chaque oeil. _ Je vais le mettre dans ma poche, on verra ça plus tard. _ Ok, chef! Elle me le donne et je le range aussitôt, bien calé contre ma cuisse. Dis, tu n'as pas oublié de me dire quelque chose? Je hausse les sourcils. T'as embrassé Skeet! _ Je ne peux décidément rien te cacher! Et toi, avec Chris? _ Il est à croquer! Je crois que j'ai une touche. Non, en fait, j'suis sûre! Quelques minutes seulement se sont écoulée depuis que nous avons quitté les garçons. Nos vies sont si longues mais le temps passe si vite... Nous les retrouvons au milieu de la piste, cheveux en bataille, sautant dans tous les sens au rythme de la musique électronique. Leur enthousiasme nous gagne et nous passons le reste de la nuit à faire les fous. Je ne sens aucun autre vampire, cependant je reste sur mes gardes. On n'est jamais trop prudent... Au lever du jour, nous quittons la boîte de nuit pour nous rendre chez nous, tous les quatre. Après l'effort : le réconfort! Si je dois affronter une horde de suceurs de sang et réveiller Sephira, je veux d'abord profiter du temps qu'il m'est accordé avec Skeet. Une fois à la maison, Chris s'affale sur le canapé alors qu' Angie propose un petit-déjeuner. Je me penche vers Skeet. _ Si tu veux bien m'attendre en haut, deuxième porte à droite, je te promet de t'apporter le petit-dej' au lit. _ Ca me parait intéressant. Je lui caresse les lèvres puis me dirige vers la cuisine, lui monte à ma chambre. Pendant que le café coule, je fais un saut par la salle de bain du rez-de-chaussée où je cache le pendentif. Puis, rapidement, je retire mon maquillage, prend une douche et me brosse les dents. Je déteste avoir la bouche pâteuse. J'enfile un petit short et un débardeur puis retourne dans la cuisine. Là, sur un plateau, je pose deux bols de café, une soucoupe de lait, du sucre en morceaux, deux pots de confiture différentes, ensuite, je prépare des tartines beurrées. En guise de touche finale, je retire une rose d'un vase à proximité et la joins au reste. Je peux vous assurer qu'il n'y a pas que les femmes qui apprécient ce genre d'attention. Ensuite, je vais à l'étage, laissant Chris et Angie s'embrasser entre deux croissants! Lorsque j'entre dans ma chambre, Skeet sort de la salle de bain qui lui est reliée. Il a pris une douche et mon gel au pamplemousse rose a parfumé sa peau de façon très délicate. Les cheveux plaqués vers l'arrière, une serviette autour de la taille, je le trouve tout simplement BEAU. Il semble gêné d'être découvert dans cette tenue. _ J'avais vraiment besoin d'une douche, alors... _ Tu as très bien fait. Je pose le plateau sur le lit et m'y assois, en tailleur. Il hésite un instant puis me rejoint. _ Ca a l'air appétissant. Tu as même pensé à la rose! Je souris et nous commençons à déjeuner, en bavardant. Si tu t'inscris, ce sera en quoi? _ Sans doute en histoire. J'ai toujours adoré cette matière... Je te trouve très sexy. _ Moi? Il rougit. C'est la première fois qu'on m'le dit! _ Vraiment? _ J't'assure! _ Tu ne me crois pas? Il fait mine d'en douter. Tu devrais pourtant. Je pose une main sur sa joue et il la prend pour l'embrasser. _ Tu as la peau très douce. Autant que des pétales de rose. Il retire la fleur du vase, respire son parfum délicat puis m'effleure le visage avec, les bras, les cuisses... C'est presque comme si cette rose devenait ses mains le temps d'une caresse. Je pose le plateau à terre et me met à genoux derrière lui. Il me suit du regard pour voir ce que je fais. Je lui ôte délicatement la rose des mains et la passe sur sa nuque, ses épaules, son dos. Les yeux mi-clos, il se détend petit à petit. Alors je remplace la rose par mes mains, d'abord je glisse furtivement le bout de mes doigts sur son corps puis mes caresses se font plus précises et deviennent massage. _ Tu aimes? Il laisse doucement sa tête se renverser pour me voir. _ Oui... Mes mains s'aventurent sur son torse, le tenant contre moi. Il peut sentir ma poitrine contre son dos nu, sa respiration s'accélère et il tourne son visage vers moi, passant une main dans mes cheveux pour rapprocher le mien. Nous nous embrassons. En quelques minutes, nous sommes nus sur le lit, nos mains se baladant sur le corps de l'autre, le découvrant. Nous sommes envahis par un tel degré d'excitation que nous en sommes brûlants. Plongeant son regard dans le mien, comme si nos deux âmes allaient elles aussi ne faire qu'une, il m'allonge entièrement sur le lit, se glisse entre mes cuisses, remonte jusqu'à mon visage en embrassant mon ventre, ma poitrine, ma gorge... Il a un moment d’hésitation. _ Erm… Attend j’ai besoin de…enfin tu sais ! Je souris. Il se lève rapidement et cherche quelque dans sa veste. Après presque une minute le voilà tenant le sésame : un préservatif ! Il revient près de moi et presse ses lèvres sur les miennes. Sans un mot il reprend en embrassant délicatement mes pieds, mes chevilles, mes genoux, l’intérieur de mes cuisses… Sa langue se fait aventurière et c’est un vrai plaisir ! Je passe ma main dans ses cheveux et lui fait comprendre de s’approcher de moi. Il embrasse alors mon ventre, ma poitrine, mon cou et je le sens venir en moi. Ses mouvements de va-et-vient sont d'abord lents et profonds puis s'accélèrent, parfois brutaux puis de nouveau doux... Je passe finalement sur lui, prenant ses mains pour les plaquer sur mes seins qu'il caresse aussitôt, ses yeux n'en finissent plus de me faire l'amour... Nous sommes en phase et l’orgasme est tel que j'en ai presque mal de m'empêcher de le mordre... _ Est-ce que ça va?, demande-t-il encore essoufflé. _ Oui… Reste calme Michelle ! Et toi? _ Je ne peux même pas décrire ce que j'ai ressenti... Je m'allonge à ses côtés, il me prend timidement dans ses bras et je me blottis contre son torse. C'était... J'ai cru que j'allais mourir. Je souris. _ Au moins tu ne m'oublieras pas. _ Ca ne risque pas! Attends... Euh... On est ensemble, non? Une sorte de panique l'envahie tout à coup. _ Oui. Il se détend, soulagé et me serre plus fort. Sans un mot, nous restons là : lui me caressant les cheveux, moi son ventre. Enfin il s'endort et je rêve éveillée...
Dans la journée, je retrouve Angie dans le jardin, près de la piscine. _ Que fais-tu de beau? _ Oh, rien. En fait, j'hésite : je vais me baigner ou pas? _ Je ne sais pas mais moi, j'y vais! Je me déshabille et plonge dans l'eau. Encore une fausse rumeur : nous pouvons passer les cours d'eau sans avoir à être sur une embarcation. Et j'adore nager! _ Elle est super! Viens! Un sourire et elle me rejoint. _ Tu es différente. _ Toi aussi! Nous rions. Lorsqu'une personne a récemment eu des rapports sexuels, nous pouvons le sentir. _ Est-ce que tu es amoureuse? _ J'en ai bien peur. _ C'est dans ces moments-là que je déteste être une vampire! _ C'est le prix à payer… _ Mais j'ai rien demandé moi. Enfin, toujours est-il que je n'arrive pas à m'y faire. _ Tu aimes Chris? _ Je ne sais pas trop... Tu me connais! Mais je tiens déjà à lui... Comment va-t-on faire pour Calista? Enfin, Sephira? _ Aucune idée mais je ne compte pas y aller par quatre chemins. _ Comment ça? _ On n'a pas le temps. Les vampires qu'on a croisés cette nuit sont là pour une bonne raison. _ Y'en a partout! _ Oui mais je suis parano depuis qu'on est ici. _ Comme d'hab! Elle se moque de moi, c'est habituel également. _ Très drôle. Elle éclate de rire. _ Tu crois qu'ils sont au courant que Calista est Sephira? _ Peut-être pas eux mais il y en a, c'est sûr. Je ne sais ce qu'ils lui veulent et à vrai dire je ne veux pas savoir tant que Calista ne sera pas devenue vampire. _ Tu veux qu'on l'enlève? Je pouffe de rire. _ Non! Je vais lui parler, tenter de lui faire comprendre qui elle est. Ca va peut-être lui ouvrir l'esprit. _ Espérons parce que si tu lui dis qui nous sommes, qu'elle ne te croit pas et va le chanter sur tous les toits... _ Qui la croira? Au pire, on nous prendra pour des folles. _ Mouais...Mais elle a l’air un peu… je me la pète, tu trouves pas ? Sa réflexion me fait rire. _ C’est une belle fille. _ Oui mais je la trouve très… hautaine. T’as pas vu comment elle nous a reluquées et comment elle se tenait. _ Et bien c’est Sephira, elle a un port altier, c’est une Reine. Elle fit mine de m’ignorer. _ Calista ça veut dire « la plus belle » en grec, c’est marrant hein ? Elle doit y croire à fond. _ Ma parole, tu es jalouse ! _ Non. Je lui envoie un peu d’eau. _ Pourquoi ? _ Je ne suis pas jalouse. _ De quoi as tu peur alors ? Elle me regarde et soupire. _ C’est moi ta meilleure amie, hein ? _ Biensûr que oui !! Et ça ne changera jamais. Je la prend dans mes bras. _ T’as intérêt parce que reine ou pas, je l’abandonne dans les bois. Je ris. _ Ne t’en fais pas Je t’aime trop pour qu’elle prenne ta place. Au fait, chapeau pour le vampire! _ Tu parles! Il n'a rien dit d'intéressant. _ Peut-être mais ta technique d'approche était terrible. _ Merci, merci. Elle m'éclabousse. Je fais de même et nous passons une bonne heure à nous amuser dans l'eau avant de retrouver la fraîcheur du salon. Lorsque les garçons se réveillent, aux alentours de 16:00, nous discutons, dînons, passons le temps... Skeet est très câlin et romantique, je ne peux m'empêcher de me blottir dans ses bras et lui rendre ses doux baisers. Angie et Chris se chamaillent, s'embrassent... Deux petits fous! A 23:00, ils décident -difficilement- de rentrer chez eux. Demain, je dois voir mon homme mais avant, il faut que je m'entretienne avec Calista. Le lundi, je décide donc d'aller chez elle, vers 16:00. Elle habite chez ses parents avec son frère. Je me gare au bout de la rue et sonde les lieux. Calista se trouve dans une chambre, certainement la sienne; elle écoute de la musique. Sa mère prépare le dîner, elle est enceinte. Quand à son frère, il est au téléphone avec un copain. Le père n'est pas là. Aucun vampire à l'horizon. Je sors de la voiture, la ferme à clés et me dirige vers la maison. C'est sa mère qui m'ouvre. Elle est encore belle et naturelle. Je me présente d'une voix très calme, lui tendant une main sympathique puis lui annonce que j'ai rencontré sa fille chez Clarisse et souhaiterait la revoir. En confiance, elle m'invite à entrer et appelle Calista qui arrive rapidement en haut des escaliers, surprise de me voir. Lorsqu'elle est enfin en bas, je lui rafraîchi la mémoire et demande à lui parler seule à seule. Nous montons à sa chambre. Je ne sais absolument pas comment m'y prendre, finalement peut-être aurais-je dû emmener Angie...
Tout comme je m'y attendais, Calista me pris d'abord pour une folle, ensuite pour une droguée. Je voulais lui montrer quelques uns de ses talents cachés, qui sont les miens depuis des siècles, mais son petit-ami a téléphoné puis ce fut au tour de son frère de nous interrompre. Certes, j'aurai pu le tuer en un dixième de secondes pour lui prouver que je ne mentais pas mais elle n'aurait pas plus écouter, bien au contraire. j'ai donc préféré partir, espérant avoir éveillé un peu de Sephira en elle. Si je le pouvais je la laisserai vivre sa vie de mortelle mais le sort de l'Humanité est entre ses mains. J'imagine aisément que j'aurai eu la même réaction si le sorcier m'avait demandé mon avis. Il ne l'a pas fait et parfois je me dis que c'est aussi bien ainsi. J'ai appris tard le véritable sens d'élue et bien plus tard encore qui je suis réellement, ou plutôt de qui je suis la réincarnation. Je suis celle de Morphea, la première fille de Sephira et Squall. Il m'est arrivé plusieurs fois de rêver de mon ancienne vie mais c'était toujours flou. Cependant, j'ai pu y voir mes parents ainsi que mes frères : Antarius, Sangunn et Anx'oon, et mes soeurs: Luzbel et Hilina. Et pour tout vous dire, j'ai déjà rencontré l'un d'entre eux... | |
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