[Harry Potter] Comment j'ai tué mon fils (Malefoy's)

Drago était étendu sur le dos dans son beau costume noir taillé sur mesure. Il pleurait, à moins que ce ne soit la pluie qui maculait ses joues de larmes. Sous lui, l'herbe était humide. Ses doigts pouvaient encore un peu la sentir. Ses yeux gris grand ouverts fixaient le ciel au dessus de lui. Les traits de son visage angélique étaient figés à jamais dans une expression, ou plutôt une non-expression, évoquant la sérénité qui l'avait habité durant les tout derniers instants de la vie qu'il venait de la perdre, vingt-deux ans seulement après son commencement.
Quelqu'un tomba à genoux tout près de lui et appela son nom.

_ Drago ! Drago ! ... Drago !

Des mains agrippèrent sa veste pour le secouer avec désespoir. Puis l'une d'elle frappa sa poitrine qui ne se soulèverait plus jamais.

_ Drago !

Toujours ce hurlement pathétique, comme un appel à l'aide alors qu'il n'y avait plus rien à faire, comme si l'appeler allait le ramener. Hélas, il marchait à présent sur un chemin duquel nul retour n'est possible...
Le meurtrier ramassa la baguette de sa victime. Aubépine et crin de licorne. Aussi majestueux et snob que son propriétaire.

_ Drago..., murmura cette fois la voix masculine en crispant ses doigts sur la boutonnière du blondinet inerte. Tout ça, c'est de ta faute ! Tu ne pouvais partir... Tu ne pouvais pas me faire ça... Pourquoi ?

Espérait-il une réponse de la part de celui qu'il venait d'assassiner ? Le coupable agenouillé courba l'échine pour venir poser le front contre le torse du jeune homme. De longs cheveux descendirent en cascade de ses épaules. Ils étaient blonds, un blond presque blanc, exactement comme ceux de l'être étendu sous lui.
Tout s'était passé tellement vite... Il y a quelques minutes encore, il était en vie. Lui, la chair de sa chair, le sang de son sang, son fils... Son unique fils. Il lui avait offert la vie et il lui avait aussi donné la mort.

_ Mon petit... gémit le père ravagé par la tristesse d'avoir joué à l'ange funeste.

« Mon petit », seule et unique marque d'affection qu'il avait eu pour Drago depuis sa naissance, seule et unique marque d'affection... qu'il ne pouvait plus entendre à présent.
Son fils était venu le trouver au Manoir ce soir-là. Dans un élan de courage que personne ne lui aurait soupçonné, il avait avoué à Lucius qu'il était tombé amoureux d'une jeune femme qu'il comptait épouser. Par précaution, il avait refusé de lui dire tout de suite son nom. Toutefois, il avait précisé l'impensable : qu'elle était membre de l'Ordre du Phoenix et qu'en conséquence, il avait décidé de quitter les Mangemorts pour pouvoir vivre avec elle. S'en était trop pour le père qui s'était mis à lui hurler de ne rien en faire sous peine d'être chassé de sa propre famille, dénoncé au mage noir et traqué par ses anciens compères. Ses intimidations avaient été vaines. Il avait vu son fils en rire et faire volte-face. Il l'avait suivi à l'extérieur du Manoir, tentant d'abord de le raisonner par des mots. Quand il comprit enfin qu'aucun ne le ferait revenir sur sa décision, il avait tiré sa baguette et prononcé les deux seuls qui pouvaient l'arrêter : « Avada Kedavra ». Et voilà que Drago était étendu à ses pieds, à trois mètres à peine du grand portail en fer forgé qui marquait la sortie de la propriété. Il y était presque...

Lucius releva la tête vers son fils. C'était lui qui pleurait à présent, et ce n'était pas un leurre de la pluie. D'une main tremblante, il lui ferma les yeux pour ne plus avoir à soutenir son regard dépourvu de colère à son égard. En effet, durant les dernières secondes de sa vie, Drago n'avait pensé qu'à la jeune femme rousse qui l'attendait dans leur appartement. Il n'avait pensé qu'à Ginny et au petit être qui grandissait dans son ventre et qu'il ne connaîtrait jamais.